Deeptech

Article rédigé par Isabelle Chéry et Gaëlle Calvary


Selon le référentiel Deeptech de la BPI [1], le terme « deeptech » qualifie des technologies, ou combinaisons de technologies, de ruptures caractérisées par quatre critères :
"1°) Le lien avec la recherche
2°) La capacité à lever des verrous technologiques
3°) La création d’un avantage fortement différenciateur
4°) Un go to market long et complexe, donc capitalistique"
 
Par définition, les technologies Deeptech sont donc des innovations de rupture. Leur vocation est « d’apporter directement ou indirectement une réponse aux enjeux sociétaux et environnementaux ». En amont, les innovations se différencient par des techniques anciennes traitant soit de besoins non satisfaits de longue date, soit de problématiques du futur. L’invention se démarque du domaine par une direction contraire à celle généralement suivie ; elle fait fi des préjugés des communautés et lève des verrous techniques jusqu’ici encore invaincus. En aval, l’invention entraine des progrès techniques importants et produit des résultats inattendus.

Généralement, les innovations de rupture sont issues de laboratoires publics qui développent une recherche fondamentale, exploratoire, interdisciplinaire, risquée sans garantie de résultats. Les entreprises, tenues à des retours sur investissement dans des délais impartis sur des produits commerciaux, préfèrent des innovations incrémentales ciblées sur des besoins du marché identifiés. Ces innovations incrémentales, comme les innovations sur les usages ou sur les business model, n’entrent pas dans le cadre des deeptech.

Les innovations deeptech sont mises au point après plusieurs années de recherche au cours desquelles les chercheurs font face à de nombreux verrous scientifiques et techniques. Les idées puis les solutions innovantes mises en œuvre pour lever ces verrous font l’objet de protection par des titres de propriété intellectuelle (PI), en particulier des brevets permettant de garder une avance concurrentielle pour envisager un transfert vers le milieu socio-économique. Le brevet signifie que l’invention a été éprouvée et est reproductible : la solution a donc généralement fait l’objet d’une première preuve de concept (POC) puis d’un démonstrateur (M comme maturation) puis de préséries avant la mise à l’échelle. La phase d’industrialisation jusqu’à la mise sur le marché est souvent complexe (règlementation, équipements non standards, etc.) donc longue et couteuse pour des marchés à conquérir, immatures ou inexistants, et le possible refus de la technologie par la société. Des budgets non négligeables de marketing et de communication pour l’évangélisation du marché sont aussi à prévoir. La prise de risque est donc importante et nécessite des financements conséquents pour dégager du chiffre d’affaires : on parle de forte intensité capitalistique.

Pour financer ces développements, la configuration start-up est bien adaptée. Elle pourra bénéficier de statuts avantageux (par exemple, JEI, CIR) et sera dans une posture favorable pour lever les capitaux nécessaires (L comme levée de fonds). L’équipe fondatrice de la start-up est constituée d’un ou plusieurs chercheurs à l’origine de l’invention, personnes clés maitrisant le savoir-faire indispensable au développement technologique. Ils sont positionnés soit dans l’équipe dirigeante soit comme conseillers scientifiques (L comme loi sur l’innovation). Une fois le produit mis sur le marché, le chercheur se retire souvent pour retourner dans son laboratoire d’origine et mettre au point une nouvelle innovation de rupture.
Grenoble INP, pôle d’ingénierie, est bien positionné dans la dynamique deeptech sur laquelle les opportunités sont aujourd’hui nombreuses.

[1] https://www.bpifrance.fr/A-la-une/Actualites/Generation-Deeptech-un-referentiel-pour-mieux-accompagner-les-projets-45650