Témoignage de Julien Bras sur son expérience en valorisation

« Si c’était à refaire ? Je le referais à 100% ! ». « Passion et patience », sont les maîtres mots de Julien Bras, enseignant-chercheur à Grenoble INP - Pagora et LGP2, expert en nano-fibrilles de cellulose. Julien est à l’origine de 2 start-up : Polyink et Inofib. Il s’exprime sur sa philosophie de travail et retrace son expérience sur le cercle vertueux de la valorisation.
Jamais il n’aurait imaginé ces activités en signant comme enseignant-chercheur. Pourtant, la cohérence est totale, avec de nombreuses retombées bénéfiques en recherche :
  • la rendre visible et lisible
  • rencontrer de nouveaux industriels, envisager d’autres thématiques de recherche et de nouvelles collaborations
  • élargir son réseau avec des profils variés et le solliciter pour des conseils sur d’autres innovations.

En philosophie de travail, Julien retient "passion" et "patience". Du début des travaux de recherche à la création d’entreprises, il lui a fallu 4 ans : 2007-2011 pour Polyink et 2009-2014 pour Inofib. « Il faut être passionné par la découverte que l’on a faite ! […] Notre invention apparait intéressante et semble résoudre beaucoup de problèmes (cf M comme Maturation avec la problématique de la segmentation) mais personne ne nous attend, personne ne souhaite acheter immédiatement. Il est indispensable de communiquer et de présenter largement l’innovation pour que le marché nous comprenne ! L’aventure est longue mais avant tout humaine avec des partenaires et une équipe ! ».
 

Sur le cercle vertueux de la valorisation, Julien formule des recommandations pour chaque phase :
 
  • Recherche : « Il faut avoir en tête l’application de nos recherches ! »
  • Détection (D comme déclaration d’invention) : « Il est important d’être en lien avec le service valorisation dès qu’un résultat apparait innovant afin d’étudier sa brevetabilité (B comme brevet), le positionner à l’international au travers d’un Benchmarking de tout ce qui se fait dans le domaine et participer à différentes conférences pour mesurer sa valeur ».
  • Protection (P comme Propriété Intellectuelle) : en création de start-up, « il est difficile de convaincre un investisseur sans brevet ! » Le dépôt de brevet est important pour une start-up notamment pour les levées de fonds (L comme levée de fonds).
  • Maturation (M comme maturation) : « Il faut faire la preuve de concept, montrer des objets, des produits et prouver le changement d’échelle ! »
  • Incubation (I comme Incubation) : « Il faut prospecter des clients, pour cela former rapidement une équipe complémentaire en terme de profils et d’âges : des jeunes pour le dynamisme et la motivation et des seniors pour la crédibilité ! » Un conseil : « Ne pas se lancer trop vite : prendre son temps même si on a la solution en main pour construire la relation client. Il faut calmer ses propres ardeurs ! » Julien souligne aussi l’importance des concours BPI ILabs comme accélérateurs de la création.
  • Transfert : il est important d’être impliqué dans l’entreprise une fois le transfert effectué. « C’est lors de la création qu’il y a le plus besoin de l’expertise du chercheur pour convaincre et positionner l’invention et la start-up vis-à-vis des autres entreprises dans le monde ». Julien a fait le choix de ne pas être à 100% dans la start-up mais d’en être conseiller scientifique (dispositif 25.2, L comme Loi sur l’innovation). Il préconise de monter des projets ambitieux comme des projets européens pour rendre la start-up visible.


Article rédigé par Isabelle Chéry et Gaëlle Calvary