UroMems : du labo à l’innovation médicale

Issue des laboratoires TIMA et TIMC, la start-up UroMems développe le premier implant actif et personnalisable destiné au traitement de l’incontinence urinaire d’effort. Elle s’apprête à franchir une étape décisive vers la commercialisation de son dispositif, après une levée de fonds record en 2024.

L’histoire d’UroMems commence dans deux laboratoires grenoblois : TIMA*, spécialisé dans les micro et nano-systèmes, et TIMC**, à l’interface entre ingénierie et biologie. C’est au croisement de ces expertises qu’a émergé une idée audacieuse : utiliser les systèmes micro-électromécaniques (MEMS) pour concevoir un implant intelligent capable de restaurer le contrôle urinaire chez les patients. « Nous avons réalisé une première preuve de concept dans ces laboratoires, alors que je faisais ma thèse de doctorat à Grenoble », raconte Hamid Lamraoui, aujourd’hui président et fondateur d’UroMems. Diplômé de l’École Supérieure d’Ingénieurs de Luminy (maintenant Polytech Marseille) et docteur de l’Université Grenoble Alpes, il a poursuivi ses recherches en collaboration avec la Pitié Salpêtrière à Paris avant de créer la start-up en 2011.
 

Un dispositif unique au monde

L’implant développé par UroMems est basé sur un système myoélectromécanique inédit, véritable muscle artificiel implantable inspiré du fonctionnement naturel du muscle. Contrairement aux solutions existantes, passives et difficiles à ajuster, ce dispositif s’adapte en temps réel à la physiologie et à l’activité du patient. Sa robustesse répond aux standards de fiabilité et de sécurité des pacemakers, avec une autonomie et une facilité d’utilisation inégalées. « Le contrôle se fait simplement via une télécommande, sans manipulation complexe ni intervention chirurgicale », précise Hamid Lamraoui.

Au-delà du confort immédiat, le dispositif intègre un potentiel d’évolution majeur : il collecte automatiquement des données qui, une fois anonymisées, permettront d’optimiser la thérapie grâce à l’intelligence artificielle. « Nous sommes les seuls à pouvoir exploiter ces données issues de l’implant, ce qui ouvrira la voie à une personnalisation accrue des traitements », souligne le dirigeant.

Vers la commercialisation internationale

Après une première étude clinique pilote menée sur douze patients (6 hommes et 6 femmes), UroMems prépare une étude à plus grande échelle, indispensable pour obtenir les autorisations de mise sur le marché. En parallèle, ses équipes finalisent l’industrialisation du dispositif afin de garantir la reproductibilité et la montée en cadence de la production.

La société, qui compte déjà 65 salariés répartis entre la France et les États-Unis, en prévoit 75 d’ici la fin de l’année. Ses perspectives sont internationales : marquage CE pour l’Europe, approbation de la FDA pour les États-Unis. La levée de fonds de 44 millions d’euros réalisée en 2024 constitue un levier décisif pour franchir ces étapes.

Une plateforme technologique d’avenir

Si l’incontinence urinaire reste aujourd’hui la priorité d’UroMems, la portée de la technologie va bien au-delà. La plateforme mécatronique développée pourrait en effet être adaptée à d’autres indications médicales, comme l’ont été les pacemakers devenus outils de neuromodulation. « Nous avons posé les bases d’une technologie qui pourra s’interfacer avec d’autres systèmes implantables et répondre à de nombreux besoins », conclut Hamid Lamraoui.

* CNRS / UGA / Grenoble INP - UGA / 
** CNRS / UGA / VetAgro Sup / Grenoble INP - UGA / CHU Grenoble



La valorisation en quelques chiffres

  • Trophées CURIE : finaliste en 2016 ; lauréat en 2017
  • 300 actifs de propriété intellectuelle dont 50% en mandat Grenoble INP
  • Brevets valorisés à 90%
  • Forte dynamique dans la SATT avec 30% des projets portés par Grenoble INP

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