Le LEPMI au cœur de la première mondiale de batterie intelligente IBIS

Le 19 septembre, Stellantis a présenté le premier prototype de véhicule électrique équipé d’une batterie intelligente. Une première mondiale à laquelle le LEPMI* a contribué en développant de nouveaux protocoles de recharge rapide et en analysant le cycle de vie de cette nouvelle architecture.

Présentée sur une Peugeot E-3008 entièrement fonctionnelle, la technologie IBIS (Intelligent Battery Integrated System) marque une rupture dans la conception des batteries. Habituellement, celles-ci nécessitent des composants externes (onduleur, chargeur, convertisseur…) pour fonctionner. L’ambition d’IBIS est d’intégrer ces fonctions directement dans les modules de batterie lithium-ion grâce à des cartes électroniques. Résultat : une architecture plus compacte, plus efficace et moins coûteuse, qui améliore l’autonomie des véhicules et ouvre la voie à de nouvelles applications en stockage stationnaire.

« L’idée est de concevoir une batterie autonome, sans chargeur ni onduleur, résument les chercheurs du LEPMI impliqués dans le projet. Pour les constructeurs, cela signifie des véhicules plus performants et plus compétitifs. Pour les utilisateurs, cela se traduit par une meilleure autonomie et, à terme, des prix plus abordables. »

 
Le rôle clé du LEPMI

Coordonné par Stellantis avec Saft, plusieurs PME et trois laboratoires mixtes CNRS, le projet IBIS a démarré en 2019, financé en partie par l’ADEME dans le cadre du Programme d’investissements d’avenir. Au LEPMI, trois chercheurs (Jean-Claude Leprêtre de l’UGA - IUT1, Yann Bultel de Grenoble INP - Ense3, UGA et Pierre-Xavier Thivel de Polytech Grenoble INP – UGA) ont piloté deux axes de recherche : l’élaboration de protocoles innovants de recharge rapide et l’analyse du cycle de vie de la batterie. « Nous avons développé des protocoles de recharge qui ne sont possibles que grâce à l’architecture IBIS, précisent les chercheurs interviewés. L’intégration de fonctions avancées directement dans la batterie permet de contrôler très finement la charge de chaque cellule. Nous avons pu tester l’impact de ces méthodes sur le vieillissement des cellules et identifier celles qui maximisent la durée de vie. »

Ces travaux ont donné lieu à trois dépôts de brevets et à des publications scientifiques, renforçant le rôle du LEPMI dans la recherche sur les systèmes électrochimiques pour la transition énergétique.

 
Une technologie pensée pour la seconde vie

Au-delà de la performance sur route, le projet IBIS vise aussi à optimiser la fin de vie des batteries. L’intégration électronique simplifie leur réemploi dans des applications stationnaires, par exemple pour stocker l’électricité issue des énergies renouvelables. « Stellantis voulait non seulement améliorer les batteries pour le véhicule électrique, mais aussi réfléchir à leur seconde vie et à leur intégration dans le réseau électrique. » Les analyses de cycle de vie menées par le LEPMI ont permis d’identifier les bénéfices environnementaux de cette et les voies de valorisation et de recyclage des batteries en fin d’usage.

Fort de ces résultats, le consortium vient d’obtenir le feu vert pour une nouvelle phase, baptisée IBIS 2, soutenue cette fois par Bpifrance dans le cadre de France 2030. Objectif : monter en maturité technologique en vue d’une industrialisation d’ici la fin de la décennie. « Nous avons commencé par valider nos protocoles sur une cellule unique, maintenant nous allons les déployer à l’échelle d’un module entier, souligne Yann Bultel, directeur adjoint du LEPMI. C’est une étape indispensable pour que cette technologie trouve sa place sur les véhicules de série. »

*CNRS / UGA / Grenoble INP – UGA



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