ExoSPY : détecter et traiter plus tôt le cancer du pancréas

Dix étudiants de Grenoble INP – Phelma, UGA, de l’UFR de pharmacie de l’UGA et du BUT Métiers du multimédia et de l’internet portent le projet ExoSPY. Ce système innovant de diagnostic et de traitement du cancer du pancréas sera présenté au concours mondial iGEM 2025 en octobre.

Créé en 2003 par le MIT, le concours iGEM (International Genetically Engineered Machine) est la plus grande compétition étudiante de biologie de synthèse au monde. Des centaines d’équipes élaborent chaque année un projet innovant pendant plusieurs mois avant de le présenter à un jury international. Les récompenses, remises fin octobre, distinguent les meilleurs projets, sites web et pratiques de science ouverte.

Composée de dix étudiants et étudiantes issus de l’UFR de pharmacie de l’UGA, de Grenoble INP - Phelma, UGA, et du BUT Métiers du multimédia et de l’internet de Chambéry, une équipe grenobloise s’attaque cette année à l’un des cancers les plus meurtriers et silencieux : le cancer du pancréas. Son projet, baptisé ExoSPY, vise à détecter la maladie à un stade précoce grâce à des exosomes, de petites vésicules sécrétées par les cellules et modifiées pour jouer le rôle « d’espions ». Ces exosomes portent à leur surface une protéine capable de se fixer à la claudin-4, présente à la surface des tissus cancéreux et accessible en raison de leur porosité élevée.

Les chercheurs en herbe les ont également chargés de particules de gadolinium, agent de contraste utilisé en imagerie médicale. Une fois fixés aux cellules anormales, les exosomes libèrent ce marqueur, rendant les lésions précancéreuses détectables à l’IRM.

Vers une radiothérapie plus ciblée

Le projet intègre aussi une dimension thérapeutique : les exosomes sont par ailleurs remplis de nanoparticules d’or. Lors d’une radiothérapie, ces particules chauffent sous l’effet des rayons X, ce qui permet de renforcer l’efficacité du traitement tout en diminuant les doses de rayonnement. « Notre objectif est double : diagnostiquer le cancer du pancréas le plus tôt possible et proposer une thérapie ciblée qui améliore le pronostic des patients », explique Héloïse Ployon, étudiante ingénieure en troisième année à Grenoble INP - Phelma, UGA.

Une expérience formatrice et collective

Pour aboutir à ce résultat, les étudiants ont mené un vaste travail bibliographique, conçu des modèles informatiques et réalisé de nombreuses expérimentations en laboratoire sur des lignées cellulaires. Les premiers tests d’irradiation sont actuellement en cours à l’Institut des neurosciences de Grenoble.

Au-delà de l’aspect scientifique, iGEM impose aussi un important travail de communication : création d’un site internet, production de vidéos, interventions dans les lycées et participation à la Fête de la science. « Ce projet nous confronte à de vraies problématiques de recherche et nous apprend à gérer un projet de A à Z », souligne l’étudiante.

Soutenus par Grenoble INP, la Fondation Grenoble INP, l’UFR de pharmacie et plusieurs partenaires académiques et industriels, les étudiants espèrent décrocher une médaille lors de la finale. Leur projet, en open science, pourra être repris par d’autres chercheurs pour être poussé vers des applications cliniques. Une contribution précieuse face à un cancer dont l’incidence, en forte hausse, en fera bientôt l’un des plus meurtriers au monde.



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