REPEX : une seconde vie pour les équipements numériques

Face à la destruction massive d'équipements numériques pour protéger les données sensibles, le projet REPEX propose une alternative innovante : l'effacement des données par rayons X. Cette nouvelle technologie pourrait bien révolutionner le recyclage des téléphones portables et des disques durs.

Dans un monde où l’empreinte carbone du numérique ne cesse de croître, la question du recyclage des équipements électroniques se pose avec une acuité sans précédent. Alors que des millions de téléphones portables et disques durs sont détruits chaque année pour protéger des données sensibles, le projet REPEX, lancé en avril 2024, promet de changer la donne. Au cœur de cette innovation : une technologie d'effacement des données par rayons X.

REPEX Le défi environnemental des équipements numériques

Le numérique est aujourd'hui un secteur clé, mais aussi une source de pollution croissante. Chaque année en France, près de 20 millions de téléphones portables sont vendus, dont seulement 4 millions trouvent une seconde vie sur le marché de l'occasion. La destruction massive des appareils, notamment des disques durs et des téléphones, est souvent justifiée par la crainte de voir des données sensibles récupérées.

L'idée d'utiliser des rayons X pour effacer les données électroniques remonte à des travaux menés par des chercheurs dont ceux du CEA, qui ont démontré qu’il était possible de modifier l'état des mémoires flash en utilisant cette technologie. « Dans le cadre d’un projet ANR MITIX avec le CEA et l’ONERA, nous avons également pu montrer que des sources de laboratoires permettaient de modifier l’état des mémoires flash », précise Luc Salvo, chercheur au SIMaP**. L’entreprise Le GSM, spécialisée dans le reconditionnement de petits objets électroniques, a rapidement vu le potentiel des rayons X pour effacer les mémoires des téléphones. « Nous avons réalisé les tests préliminaires et développé un premier prototype de machine d’irradiation qui a donné des résultats positifs, indique Lionel Uzzan, PDG de Le GSM. Pour nous aider à optimiser le processus d’irradiation, nous nous sommes rapprochés du CEA et du SIMaP. » C’est ainsi qu’est né le projet REPEX, qui rassemble plusieurs acteurs, dont le CEA, le SIMaP et des entreprises spécialisées, avec le soutien de l’ADEME (appel à projets ECONUM). L’objectif est simple : développer une méthode industrielle d’effacement des données, sur la base du brevet de la société LE GSM, plus rapide et plus fiable que les solutions logicielles ou de destruction actuelles, tout en permettant le réemploi des équipements électroniques.

Une méthode plus efficace que les solutions logicielles

Le principal atout de la méthode d’effacement par rayons X réside dans sa capacité à effacer de manière définitive les données stockées dans les mémoires flash que l’on retrouve dans de nombreux objets électroniques (téléphones, disques SSD, clés USB, carte SD …). Contrairement aux méthodes actuelles, qui reposent sur des logiciels ou la destruction physique des appareils, cette solution permet de recycler les équipements plus rapidement.

Toutefois, les défis techniques sont nombreux. Pour les téléphones portables, la diversité des composants complique l’optimisation du processus d’irradiation. Il s’agit de trouver le juste compromis entre un effacement complet et la préservation des autres composants pour leur réutilisation.  « Dans le cadre du projet Repex, le consortium a pour mission d’améliorer les résultats obtenus par la société LE GSM dans les opérations de recyclage et de leur empreinte carbone. »

Le projet REPEX, d'une durée de 42 mois, pourrait bien révolutionner le recyclage des appareils électroniques. En permettant de traiter des milliers de téléphones et de disques durs par jour, cette innovation pourrait considérablement réduire la quantité d’équipements détruits chaque année. « C’est une solution en lien direct avec la transition énergétique et l’économie circulaire », affirme Luc Salvo.

Si les premières expériences se sont révélées prometteuses, le chemin vers une industrialisation à grande échelle passe par des certifications au niveau national et international qui sont en cours. Les entreprises et collectivités sont les premiers clients de la société LE GSM qui ont compris l’intérêt de cette nouvelle technologie qui améliore leur responsabilité sociétale et environnementale.

LE GSM ambitionne de déployer cette technologie à d’en faire un standard dans le traitement des équipements électroniques.


*REPEX : REPEX est l’un des quatre lauréats de l’appel à projets « ECONUM - Soutien au développement d’une économie numérique innovante, circulaire et à moindre impact environnemental » opéré pour le compte de l’Etat par l’ADEME et piloté par le Commissariat général au Développement durable, la Direction générale des Entreprises (DGE) et le Secrétariat général pour l’investissement.

**CNRS / Grenoble INP - UGA / UGA