De l’importance de la vision périphérique

Les travaux d’Alexia Roux-Sibilon, récompensés par le prix de thèse académique 2021, montrent que la vision périphérique, souvent oubliée par les modèles de vision artificielle, est aussi importante que la vision centrale pour percevoir les détails de la scène observée.
La vision ne se résume pas à la vision centrale, loin s’en faut. Diplômée de Grenoble INP – Phelma, UGA en 2016, Alexia Roux-Sibilon a réalisé sa thèse au laboratoire de Psychologie et Neurocognition (LPNC)* sur l’importance de la vision périphérique dans la construction de la représentation de la scène observée par le cerveau. « Le cerveau prédit, anticipe les sensations visuelles qu’il va avoir, explique la chercheuse, actuellement en post-doctorat en Belgique à l’université Catholique de Louvain. En premier lieu, il perçoit une information grossière, la structure globale de la scène visuelle. Ces informations sont transmises rapidement de l’œil au cerveau, lequel anticipe à partir de celles-ci les détails de la scène, facilitant alors leur analyse. »  

Dans sa thèse, la chercheuse fait l’hypothèse que c’est la vision périphérique qui est à l’origine de l’information grossière de départ. Pour le vérifier, elle a travaillé sur des sujets sains, auxquels elle a montré des images contrôlées. « Concrètement, on regardait dans quelle mesure les informations de la périphérie pouvaient faciliter ou accélérer la perception d’éléments, même peu visibles, situés au centre du champ de vision. » Elle a également mené le même type d’expérience avec des patients atteints de glaucome, maladie dans laquelle la vision périphérique est altérée et qui sert ici de modèle.

Ces travaux, qui ont confirmé l’importance de la vision périphérique, pourraient contribuer à améliorer les modèles de vision artificielle qui en général ne tiennent compte que de la vision centrale. Ils pourraient également permettre d’améliorer la prise en charge des patients atteints de glaucome en considérant le traitement global par le cerveau des signaux captés par l’œil malade.
 
Vision périphérique illustration
 
*CNRS, UGA, Université Savoie Mont Blanc