Le prix de l’Académie des sciences manquait à sa collection de distinctions… C’est une lacune désormais comblée ! Après le prix MIT Technology Review Innovateurs et le prix des Techniques Innovantes pour l'Environnement en 2013, une nomination à l’IUF en 2015, le prix Léon Brillouin SEE/IEEE en 2016, la prestigieuse distinction de l’ERC en 2018, et enfin le prix international MTT-S Outstanding Young Engineer Award 2019, Etienne Perret, maître de conférences à Grenoble INP – Esisar, UGA et responsable de l’équipe ORSYS du Laboratoire de Conception et d'Intégration des Systèmes (Grenoble INP/ UGA), vient de se voir attribuer le Prix Espoir IMT de l’Académie des sciences.
A l’origine de ce succès, une méthode de caractérisation basée sur le principe de réflectométrie et sur l’utilisation d’éléments résonnants qu’il a mise au point au laboratoire. Cette dernière a donné naissance à des étiquettes d’identification sans puce, imprimables, recyclables et peu coûteuses. Contrairement aux codes à barres, elles sont lisibles à travers des objets opaques ou à distance. De même, il est possible d’implémenter de nouvelles fonctionnalités incompatibles avec la technologie codes à barres. Enfin, comme elles ne comportent pas de puce ni d’antenne, elles sont beaucoup moins coûteuses que les étiquettes RFID.
La seule différence des étiquettes d’identification par radiofréquences (connues sous le nom de chipless RFID) avec les codes à barres, réside dans leur forme ainsi que dans l'utilisation d'encre conductrice déposée lors de l'impression. Chaque étiquette, créée séparément ou imprimée directement sur le produit à identifier, possède une signature électromagnétique qui contient les informations spécifiques au produit. « L’encre conductrice interagit avec l’onde qui est envoyée sur l’étiquette, précise Etienne Perret. L’information contenue dans la signature spécifique de l’onde réfléchie est récupérée par un lecteur. » Tout l’art du scientifique a d’ailleurs consisté à mettre au point la méthode qui permet de dimensionner et dessiner les étiquettes en fonction de l’information que l’on veut y inscrire.
En plus d’être peu coûteuses et flexibles en termes de lecture, ces étiquettes peuvent être réinscriptibles, ce qui leur permet de se différencier très nettement des codes à barres d’un point de vue applicatif. « Cette nouvelle fonctionnalité apportée à des étiquettes papier imprimées avec des techniques classiques est sans doute l’application la plus attendue. »
Ces étiquettes peuvent également servir de capteur, en particulier d’humidité ou de température. « Dans ce dernier cas, il suffit de rajouter à l’encre un matériau sensible à l’humidité, ce qui va modifier l’onde rediffusée en temps réel et par là même la signature électromagnétique de l’étiquette récupérée par le lecteur. » Etienne Perret et son équipe utilisent également cette technologie d’étiquette pour faire de la reconnaissance de gestes. Ainsi, ces tags papier jetables pourront servir d’interface entre un utilisateur et une machine, à l’image d’une télécommande ou d’un joystick. « A la différence ici qu’elles ne comporteront aucune puce électronique et seront réalisées par impression comme un code à barres. Imprimées sur un packaging, elles lui apporteront de nouvelles fonctionnalités qui n’existent pas à l’heure actuelle, notamment grâce à leur simplicité de mise en œuvre. »