Les ferrites au secours de l’électronique embarquée

Créée en 2019 par un diplômé de Grenoble INP - Phelma, HYMAG’IN propose une technologie de synthèse de poudres aux propriétés magnétiques exceptionnelles, très utiles dans les systèmes électroniques embarqués.

Bobine de filament HYMAG’IN, société co-fondée par Camille Crouzet, diplômé de Grenoble INP - Phelma, UGA, en 2013, vient de lever 2,2 millions d’euros pour déployer sa technologie à l’échelle industrielle et adresser les marchés de l’électronique embarquée. Sa technologie a vu le jour au laboratoire ISTerre*, où Camille Crouzet a réalisé sa thèse une fois son diplôme d’ingénieur en poche. Durant cette période, il met au point un procédé de synthèse hydrothermale de nanopoudres aux propriétés magnétiques intéressantes, qu’il brevète.

Bien lui en a pris, car ce procédé permet de valoriser des déchets et des co-produits de l’industrie de l’acier. Au laboratoire, il rencontre Céline Bonnaud, également diplômée de Grenoble INP - Phelma, et Philippe Le Bouteiller, avec qui il s’associe pour créer HYMAG’IN. Leur idée de départ est d’utiliser les propriétés de poudres de magnétites pour dépolluer les eaux et les sols contaminés, mais très vite, ils abandonnent pour se concentrer sur l’utilisation de ferrites**. Celles-ci seront utilisées pour résoudre les problèmes de compatibilité électromagnétique (CEM) de plus en plus présents dans l’industrie. « Les ferrites ont en effet la particularité d’être capables de dissiper les rayonnements électromagnétiques à certaines fréquences, en absorbant les ondes et en rejetant de l’énergie sous forme de chaleur, explique Camille Crouzet. Elles sont utilisées dans les systèmes électroniques pour résoudre les problèmes de parasitage et de compatibilité électromagnétique. »


Pièce imprimée De nombreux domaines concernés

Avec l’explosion des objets connectés, l’arrivée du véhicule autonome ou encore des réseaux 6G, les problématiques de compatibilité électromagnétique sont en effet de plus en plus difficiles à résoudre, et nécessitent des solutions innovantes.

En plus des poudres, dont l’avantage est de pouvoir être intégrée à une matrice polymère, HYMAG’IN propose ses ferrites sous forme de filament pour l’impression 3D. Par rapport aux produits de la concurrence asiatique qui fournit des ferrites massives, cela permet, à poids égal, de multiplier les performances par 10, tout en utilisant une ressource recyclée.

Les fonds levés par HYMAG’IN vont lui permettre de renforcer son action commerciale en France et à l’international, et à faire passer ses effectifs de 7 à 12 personnes. Mais surtout, ils seront utilisés pour poursuivre l’industrialisation de sa technologie : la start-up se donne 18 mois pour parvenir à un démonstrateur et passer à l’échelle industrielle.


*UGA / CNRS / Université Savoie Mont-Blanc / IRD / Université Gustave Eiffel
**Une famille de matériaux proche des magnétites, présentant des propriétés plus avancées