Emilie Boucher en finale de MT180

Emilie Boucher, doctorante au TIMC*, a successivement gagné les demies-finales régionale et nationale de l’édition 2023 du concours Ma Thèse en 180 secondes, organisé par le CNRS et France Universités. Elle représentera Grenoble en finale nationale à Rennes le 8 juin prochain.
Saviez-vous que les bactéries présentes dans notre système digestif pèsent autant qu’un dictionnaire Larousse ? Que nous abritons 10 fois plus de bactéries que de cellules ? Ce petit monde, appelé microbiote, joue un rôle très important dans la préservation du système immunitaire et la lutte contre le cancer.
Ce rôle, Emilie Boucher l’étudie dans la thèse qu’elle réalise avec une équipe du TIMC, et qui lui a permis de remporter le premier prix du jury de la demie-finale nationale du concours MT180. « Plusieurs études ont montré l’existence d’une corrélation entre la présence de certaines bactéries dans le microbiote intestinal et l’efficacité de la réponse au traitement d’immunothérapie utilisé contre certains cancers, » explique-t-elle. Très efficace chez environ 30% des patients et patientes, l’immunothérapie ne l’est en effet pas du tout dans les autres cas. L’une des explications possibles est la présence de bonnes bactéries comme Bifidobacterium dans l’intestin des patients et patientes qui répondent bien au traitement, laquelle boosterait l’immunité et la réponse à ces médicaments anticancer.

Pour le vérifier, la doctorante tente de moduler le microbiote en favorisant le développement des bactéries bénéfiques. Plus précisément, elle étudie les effets d’un régime alimentaire enrichi en inuline, une longue chaîne de sucres présente dans les endives, les artichauts, la chicorée, les oignons, sur le microbiote, sur l’immunité et la réponse au traitement d’immunothérapie contre le cancer. Pour cela, elle utilise des souris, un modèle animal dont l’intestin abrite les mêmes populations bactériennes que l’être humain. « De par sa composition chimique, l’inuline n’est pas digérée et arrive intacte dans le côlon, où elle sert de nourriture aux bactéries intestinales dont Bifidobacterium, qui elles-mêmes la transforment en nutriments que l’on ne sait pas produire autrement. » La jeune chercheuse et son équipe ont montré que ces nutriments agissent directement sur des cellules immunitaires en culture, dont elle dope l’activité. Parallèlement, elle a montré que l’enrichissement de l’alimentation des souris en inuline augmente la population de Bifidobacterium. Reste à préciser les mécanismes permettant aux nutriments d’agir sur le système immunitaire. Et surtout, à trouver des financements pour réaliser les coûteux et néanmoins indispensables essais cliniques chez l’être humain.
En attendant, nous lui souhaitons bonne chance pour la finale, qui se déroulera à Rennes le 8 juin prochain !

 *CNRS, UGA, Grenoble INP - UGA, VetAgro Sup

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