Grenoble INP Rubrique Recherche 2022

Catherine Picart, ou la passion de l’ingénierie tissulaire



Catherine Picart Catherine Picart, professeur des universités à Grenoble INP - Phelma et chercheuse au LMGP, a été distinguée en 2010 par le Eropean Research Council (ERC) dans la catégorie « Jeune Chercheur ». Cette distinction lui a permis de renforcer les moyens humains et matériels dédiés à son projet de recherche en ingénierie tissulaire et biophysique cellulaire.








Après une formation initiale en physique des matériaux, Catherine Picart s'est rapidement intéressée aux matériaux biologiques (cellules, biopolymères). Diplômée de Grenoble INP, elle passe un an aux Etats-Unis à l'Université de Pennsylvanie après sa thèse de Génie Biologique et Médical. Elle a ensuite exercé à Strasbourg comme maître de conférences au sein d'un laboratoire de l'INSERM puis à Montpellier comme professeur de biophysique au département Biologie Santé, où elle a crée une équipe, avant de rejoindre Grenoble INP - Phelma en novembre 2008 comme professeur des universités. Ses travaux ont retenu l'attention de l'ERC, qui sélectionne en 2010 le projet de son équipe visant à élaborer de nouveaux matériaux multifonctionnels à base de biopolymères, dont elle et son équipe visent à contrôler plusieurs caractéristiques, afin d'élucider la réponse de cellules.
« Nous cherchons à élaborer des matériaux avancés dit « biomimétiques », c'est-à-dire mimant les tissus biologiques, notamment des films minces et des membranes dont nous contrôlons les propriétés topographiques, mécaniques et biochimiques. » Il est en effet désormais largement reconnu, y compris par la communauté des biologistes, que l'environnement physique des cellules joue un rôle primordial dans le développement des tissus biologiques, ainsi que dans leur régénération. « Nous étudions le comportement de cellules placées au contact de ces biomatériaux, dans le but d'élucider les processus de différenciation cellulaire. »
Quatre axes de travail ont été définis : l'obtention d'information sur la structure des films biomimétique, laquelle sera facilitée par l'acquisition toute récente d'un microscope à force atomique financé par l'ERC ; la compréhension des mécanismes de réponse cellulaires aux molécules actives ; le contrôle de la topographie et de l'organisation spatiale des propriétés mécaniques et biochimiques des films de cellules ; et enfin la compréhension du rôle joué par certaines protéines dans la déformation des cellules.
Les travaux ont déjà porté leurs premiers fruits. « Nous avons réussi à orienter la différenciation de myoblastes pluripotents, c'est-à-dire ayant la capacité à devenir des cellules musculaires ou des cellules osseuses (ostéoblastes) en fonction des stimuli qu'ils reçoivent. Nous avons ainsi pu guider leur différenciation vers l'une ou l'autre voie, en jouant sur les propriétés biochimiques et mécaniques des films. Ces travaux ouvrent des perspectives très intéressantes en médecine régénérative. On peut en effet imaginer, à terme, réparer des tissus osseux grâce à des cellules souches de muscle, plus abondantes et faciles à récupérer que les cellules souches osseuses. »


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