Hackathon à Grenoble INP – Ense³

Un hackathon pour apprendre : c'est quoi, pourquoi, comment ? Aurélie Feron, conseillère pédagogique à Grenoble INP Perform a interrogé Delphine Riu et Christophe Berenguer, respectivement directrice des études et professeur à Grenoble INP - Ense³ sur les modalités et les résultats de cet exercice pédagogique original, mis en pratique en décembre dernier dans leur école.

Pourquoi avez-vous organisé un Hackathon au sein de votre école ?

Nous avons choisi d'organiser un hackathon car cela représente à peu près tout ce que nous voulons faire en innovation pédagogique : une intégration complète de connaissances multidisciplinaires dans une durée très courte. Le hackathon, c’est une mise en application directe des connaissances. Tous les acteurs sont mis en situation : les étudiants, les profs, les professionnels, les coachs. C'est cette alchimie qui fait l'intérêt pédagogique du hackathon.

Comment cela se passe concrètement ?

C'est un public de volontaires : certains étudiants avaient déjà fait l’exercice, d’autres étaient simplement curieux. Cette année, 32 étudiants ont participé dont beaucoup d’autres écoles de Grenoble INP. Les équipes étaient multidisciplinaires, les participants ne se connaissaient pas à l'arrivée mais les équipes se sont formées naturellement.

Les thèmes ont été proposés par EDF et retravaillés avec l’équipe pédagogique. Nous avons discuté ensemble de ceux qui pouvaient faire l'objet d'un hackathon sur 48h. Nous voulions qu'il y ait à la fois le volet énergie et numérique. Cette année, il y avait deux sujets qui ont permis à 2 publics très différents de travailler sur le format hackathon : un sujet plus technique et l’autre faisant plus appel à la créativité.

Après, il y a un gros travail de scénarisation pédagogique parce qu'il faut atteindre l’objectif en 48h.  Mais pendant le hackathon, c'est surtout beaucoup d'inconnue et de découverte. Il faut accepter le risque : nous sommes obligés, en tant qu’enseignants de nous adapter exactement à la problématique rencontrée à l'instant T par l'étudiant.

Disrupt Campus* nous a beaucoup aidé à la réflexion sur la scénarisation et ils étaient présents durant ces 3 jours : cela nous a beaucoup aidé aussi pour coacher les étudiants, qu’ils se posent les bonnes questions. Avoir ce soutien-là pendant le hackathon a été vraiment précieux.


Quels retours avez-vous eu ?

Ce qui nous a étonné le plus c'est qu'ils ont passé presque 40h à traiter les données du sujet. Leur attitude était différente de celle qu’ils ont en cours ou lors des activités habituelles de leur formation. Notre relation était différente.

Les étudiants ont réussi à faire plusieurs propositions aux ingénieurs EDF qu'ils n'avaient pas trouvées eux-mêmes, avec une grande cohérence entre les équipes. Ils les ont surpris lors de la présentation : après un gros travail de remise en cause des données, ils ont réussi en 4-5h de travail à proposer des pistes d'explication du problème qui était posé par EDF.

L'avis des ingénieurs de EDF sur le hackathon a changé aussi au cours de l’exercice : on avait l'impression au début qu'ils ne croyaient pas trop à l'exercice et au fur et à mesure que les heures passaient, en voyant les étudiants autant impliqués, ils se sont impliqués beaucoup plus qu'ils n'avaient prévu. Nous avions fait la même observation l’année dernière : il y a un cercle vertueux.
 


 

Quelles évolutions depuis la 1ère édition et pour les prochaines ?

Dans la 1ère édition, c'était beaucoup tourné autour de la communication en entreprise dans cette 2ème version, on a un peu plus scénarisé pédagogiquement le hackathon. On a essayé de faire un objet qui nous ressemble :  porteur de valeurs, intégrant des connaissances avec une vraie scénarisation, qu'on maîtrise le processus de manière à ce que derrière on puisse l'utiliser dans d'autres cadres.

Un autre point qui a beaucoup changé par rapport à l'année dernière, c'est l’intégration des personnels dès le début du projet.  On a monté l'équipe projet à partir de zéro, avec le service des relations entreprise, la communication, l'assistance de direction, le patrimoine, les enseignants. Cela change tout en termes d'implication des personnels et cette expérience été appréciée par les collègues.

Le point de vigilance c'est d’intégrer l’entreprises au processus : créer des équipes mixtes d'accompagnement des étudiants (enseignants et ingénieurs).

Un point d'amélioration pour l'année prochaine : essayer d'ouvrir des publics hors ingénieur.

Il faudrait construire le hackathon directement avec les responsables de formation et les profs concernés pour qu'ils le mettent dans la maquette, qu'ils le valorisent auprès de leurs étudiants et qu’après, nous travaillions sur la communication vis-à-vis des étudiants.
 


*Disrupt Campus, c'est une équipe de 3 personnes, localisée au Fablab MSTIC. Ils font vivre le hackathon parce que ça fait partie du projet Disrupt Campus qui a été retenu suite à un appel à projet porté par la ComUE.