Covid-19 : équiper le citoyen pour lutter contre la pandémie

Jusqu’où déléguer aux citoyens la responsabilité de leur propre protection en cas de crise, qu’elle soit sanitaire, liée à une catastrophe naturelle ou à un accident majeur ? La question intéresse la recherche en sociologie menée au laboratoire PACTE*, où sont notamment particulièrement étudiés le déploiement et l’appropriation de l’application TousAntiCovid par la population. Dans le cadre de son enquête, elle a besoin de recueillir un maximum de réponses à son questionnaire avant le 10 janvier 2021 (voir lien en fin d'article).
Nous comptons sur vous pour aider les chercheurs en répondant à l’enquête dont le lien est situé en bas de page !

Dix années de travail sur les problématiques de risques et de vulnérabilité ont amené Céline Cholez, maître de conférences à Grenoble INP - Génie industriel, chercheuse en sociologie des techniques au laboratoire PACTE et responsable du groupe de travail « Gouvernance des risques » du Cross Disciplinary Program RISK de l’IDEX, à s’intéresser aux innovations développées pour équiper les citoyens et accroître leur résilience face aux risques. « Pendant des années, le management des risques reposait essentiellement sur le couple prévention (risque 0, évitement des accidents) et gestion professionnelle de la crise, souligne-t-elle. Plusieurs événements majeurs sont venus bouleverser cette vision des choses. C’est le cas, en particulier, de la catastrophe Natech de Fukushima en 2011. Les analyses ultérieures ont montré de nombreuses failles dans la prévention-détection des risques Natech mais aussi la capacité des citoyens à se prendre en charge, une grande partie des forces de secours ayant péri lors du tremblement de terre puis du tsunami. Les survivants ont dû se débrouiller seuls, et ont fait preuve d’une grande solidarité. » Ces observations de débrouillardise et de solidarité sont venues accréditer l’idée qu’il ne suffit pas seulement d’essayer par tous les moyens d’éviter la catastrophe ou de se reposer entièrement sur la réponse apportée par l’Etat. Les populations peuvent être résilientes, en particulier si on les équipe de solutions techniques pour les guider dans leurs stratégies de survie. C’est ainsi que sont apparues au Japon les premières applications mobiles pour donner l’alerte en cas de tsunami, lister des centres de secours les plus proches, cartographier des personnes vulnérables ayant besoin d’aide…
 

L’exemple de TousAntiCovid


Après le laborieux lancement de l’application StopCovid proposée en juin 2020 par le gouvernement pour faire reculer la pandémie de Covid-19, la rapide diffusion de TousAntiCOvid (plus de 4 millions de téléchargements en quelques semaines) a amené Céline Cholez à se pencher sur la façon dont cette nouvelle pouvait être perçue, utilisée et appropriée (ou pas) par les Français de plus de 15 ans. Elle mène cette étude dans le cadre d’une recherche comparative (Cov19 On My Mobile) en collaboration avec des chercheurs des universités de Kyoto et de Denver sur les solutions publiques basées sur le téléphone portable (SMS, applications) pour lutter contre la pandémie de Covid-19. En parallèle de l’enquête sur les usages et non-usages, une analyse socio-technique du processus de conception et des modalités de fonctionnements en exploitation est menée.

La comparaison internationale et le suivi dans le temps (5 campagnes sont prévues entre novembre 2020 et juin 2021) permettront d'observer une évolution possible des pratiques liées à ces solutions (téléchargement, utilisation de l’application) en fonction des politiques gouvernementales, de l’évolution de la pandémie et des caractéristiques des solutions (chargement de l’attestation, géolocalisation, informations distribuée, etc).

La première campagne sur les usages et non-usages est en cours, n’hésitez pas à lui apporter votre soutien en répondant au questionnaire :


*CNRS, UGA, Sciences Po Grenoble