Verrou

Dans le langage courant, le terme de « verrou » est polysémique et peut, en particulier, faire référence à un « obstacle qui empêche le déroulement d'une action » (dictionnaire Larousse). En recherche et développement, c’est le sens à retenir : un verrou est un obstacle à l’atteinte des objectifs d’un programme de R&D. Il peut être de nature scientifique ou technologique.
Article rédigé par Stéphane Fiorillo, Isabelle Chéry et Gaëlle Calvary


Un verrou scientifique résulte de connaissances ou de compétences insuffisantes dans le domaine pour garantir, de façon certaine, la réalisation d’une action de R&D : par exemple, l’incertitude quant à l’applicabilité d’une théorie dans le domaine traité. Lever ce verrou nécessite une démarche scientifique dont le résultat permettra un dépassement de l’état de l’art, puisque la réponse au problème n’existe justement pas dans les communautés scientifiques concernées.
Un verrou technologique est un obstacle lié aux espaces technologiques choisis dans le programme de R&D : par exemple, une contrainte matérielle, comme des ressources mémoire insuffisantes, peut mettre à défaut une solution opérationnelle dans d’autres contextes. Lever ce verrou nécessite l’élaboration de solutions alternatives inédites pour les espaces technologiques correspondants.

Que le verrou soit d’ordre scientifique ou technique, sa levée est incertaine et fait donc porter des risques sur le projet. Aussi, dans un contexte de recherche partenariale, est-il essentiel d’identifier ces verrous en amont, ce qui bien sûr ne protège pas le projet de la découverte inopinée de verrous imprévus. Les risques sont qualifiés de faibles à sévères et doivent être assortis d’actions correctives à définir en amont. Plus le risque est sévère, plus il est important de le traiter tôt pour déterminer au plus vite la faisabilité du programme de R&D.

Les solutions innovantes mises au point pour lever les verrous peuvent faire l’objet de protection par des titres de propriété intellectuelle (PI), notamment des brevets. Protéger ces solutions permet à son détenteur de marquer la paternité de l’invention et de bénéficier d’une avance concurrentielle. Dans le cadre d’un projet partenarial de R&D, la solution protégée sera généralement transférée au partenaire industriel pour exploitation a minima dans son domaine d’activité. Dans le cas de recherches propres au laboratoire, des actions de valorisation « techno-push » seront envisagées avec in fine un transfert vers une entreprise existante ou par la création d’une start-up.