MAGIA Diagnostics bouscule le dépistage des maladies infectieuses

La start-up MAGIA coordonne le projet européen MAGFA, qui vise à démontrer l’efficacité de son dispositif de diagnostic rapide dans plusieurs pays d’Afrique. Une innovation de rupture qui pourrait transformer le dépistage en laboratoire comme sur le terrain, en Europe et à l’international.
Comment proposer un dépistage fiable, rapide, combiné et accessible, y compris dans des zones à faibles ressources ? C’est le défi relevé par MAGIA Diagnostics, start-up fondée par Paul Kauffmann, diplômé de Grenoble INP – Phelma et docteur du G2Elab*. Après plusieurs années de R&D, la société a mis au point un dispositif capable de détecter en 12 minutes jusqu’à dix marqueurs immunologiques (protéines et anticorps) à partir d’un échantillon sanguin. Un outil particulièrement adapté aux maladies infectieuses comme les hépatites ou le VIH, dont le diagnostic rapide est un levier essentiel pour réduire les contaminations et faciliter l’accès au traitement.
Depuis janvier 2025, MAGIA coordonne le projet européen MAGFA, lancé pour trois ans avec six partenaires internationaux, dont l’Institut Pasteur de Paris, des laboratoires nationaux en Côte d’Ivoire, au Kenya, une ONG (GAVIES) en République Démocratique du Congo (RDC), ainsi que deux distributeurs locaux. Ce programme vise à évaluer les performances du dispositif en laboratoire, mais aussi sur le terrain, au plus près des besoins des populations. Une étude prospective auprès de 7500 femmes enceintes est ainsi menée dans quatre provinces de RDC, afin de mesurer l’impact de ce dépistage rapide sur leur parcours de soin et leur mise sous traitement.
 
Une technologie en constante évolution
L’innovation de MAGIA repose sur une technologie initialement développée en 2020 (lien article) et depuis sans cesse améliorée. Après les phases de prototypage, d’industrialisation et de validation clinique (notamment à Marseille et Perpignan), la start-up est aujourd’hui en fin de phase réglementaire. L’objectif est de déposer le dossier technique d’ici l’été 2025, pour une autorisation de mise sur le marché à l’horizon 2026. En parallèle, des travaux de recherche menés avec le LMGP* et le G2Elab – via une thèse CIFRE – ont permis de démontrer que la technologie pouvait aussi être adaptée à la détection de brins d’ADN. De quoi ouvrir la voie à un dispositif combinant approche immunologique et amplification génique de type PCR, deux techniques complémentaires en infectiologie.
Cette capacité à croiser les expertises en micro-magnétisme (G2Elab) et biochimie (LMGP) confère à MAGIA une avance technologique stratégique. À terme, la start-up ambitionne de proposer un test unique, capable à la fois de diagnostiquer une infection et d’en déterminer le stade, permettant ainsi une mise sous traitement immédiate – un enjeu crucial pour les 300 millions de personnes vivant avec une hépatite virale dans le monde, dont 80 % ignorent leur statut en Europe.
Forte de six brevets (dont trois co-détenus avec Grenoble INP – UGA et le CNRS), d’une équipe de 20 personnes basée à Échirolles, et de plus de 6 millions d’euros levés en quatre tours de financement, MAGIA cible à court terme les 3000 centres de dépistage européens, en particulier ceux qui prennent en charge des publics vulnérables. Avec un coût estimé à 15 euros pour trois maladies, son test combiné se positionne comme une alternative robuste et économique face aux tests unitaires classiques, notamment en contexte de santé publique.
 

*CNRS, UGA, Grenoble INP - UGA
 

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