Antoine Largeron : « Mes 2 facettes artistiques et scientifiques se nourrissent mutuellement »

Antoine Largeron est en 3e année à Grenoble INP – Ense3, UGA, en filière SICOM*, commune avec Grenoble INP – Phelma, UGA. Musicien confirmé, il bénéficie aujourd’hui du statut Artiste de Haut Niveau "métier du son" en tant qu’ingénieur Digital Signal Processing. Actuellement en stage de fin d’études, il partage avec nous son parcours scientifique et artistique qui le destine à une carrière d’ingénieur du son.

Ecole d’ingénieur et conservatoire en parallèle


Musicien depuis l’enfance, Antoine arrive de Saint Etienne pour intégrer Grenoble INP – Ense3, UGA. Il suit en parallèle, grâce au statut Artiste de Haut Niveau, le cursus « métiers du son » au conservatoire de Grenoble, qu’il a achevé en 2020. « Cette formation était très complète, avec beaucoup de choses dont je n’avais pas conscience, hormis les aspects scientifiques (ondes, etc), mais tous les aspects artistiques ont été un bon tremplin pour moi, même si la formation était très orientée musique classique. Elle s’articule autour de de 3 points : enregistrement, sonorisation et mixage. »

Rapidement, Antoine commence à s’équiper pour monter un « home studio » mais aussi un studio mobile afin de se déplacer pour enregistrer les groupes là où ils sont, et éventuellement faire des captations live. En plus des travaux pratiques de sa formation au conservatoire comme les sonorisations de concerts, il démarche des groupes et musiciens et travaille en parallèle sur des projets.

« J’ai commencé à travailler avec des groupes au conservatoire, Blue Velvet (un trio de jazz grenoblois) est le premier groupe que j’ai enregistré. En parallèle, j’ai monté un dossier pour bénéficier de la bourse de la Fondation Grenoble INP, pour pouvoir notamment financer l’acquisition de matériel, comme une carte son, mes premiers micros et une interface 8 pistes pour enregistrer. Cette bourse m’a donc permis de faire de nouveaux projets et j’ai travaillé avec une quinzaine de groupes dont certains que je suis maintenant régulièrement. Depuis, j’ai pu bénéficier de cette bourse 2 fois de plus, afin de m’acheter des micros dynamiques et statiques de qualité professionnelle. »

Il collabore avec des groupes locaux comme Resto Basket (punk rock français à Grenoble), et mixe leur 2e album chez lui. « Cet album a ensuite été masterisé par Bruno Preynat, ingénieur du son à Montbrison, connu notamment pour travailler avec Mickey 3D. C’était une super expérience, j’ai pu avoir un retour sur mon travail de la part de quelqu’un de professionnel et de haut niveau dans la musique rock ».


Un fourmillement artistique estudiantin


Antoine Largeronartiste de haut niveau Il travaille aussi avec un ami étudiant et artiste de haut niveau à Grenoble INP – Pagora : Léo Aoun avec son groupe Gin Tonic Orchestra qui va sortir un album, ou Plus Plus Plus dont fait partie un autre élève de Grenoble INP - Ensimag, Andrew McDonald, ou encore avec le trio d’élèves de Grenoble INP – Phelma, Parallaxe. « Il y a beaucoup de collaboration entre étudiants, j’ai travaillé aussi avec la Fanfarnaque de Grenoble INP, j’ai enregistré et mixé leur album. » Antoine a également participé 2 années de suite au projet du Crous Grenoble Alpes Student Groove Orchestra (SGO).

« Cette année, nous avons travaillé sur le thème des musiques d’Afrique avec Dobet Traoré et Blick Bassy. Cela m’a permis de travailler sur des gros plateaux avec une trentaine de musiciens et des artistes de renommée internationale. Le projet devait initialement se dérouler au printemps 2020, il a été reporté et nous avons pu faire une représentation à La Source à Fontaine – avec public assis, distancié et masqué - juste avant le deuxième confinement. J’ai pu décaler des cours pour pouvoir assister aux 2 jours de résidence et j’étais l’ingénieur du son « façade ».  C’’était vraiment une super opportunité ! »


Un projet professionnel bien réfléchi


Antoine a intégré la filière SICOM afin de retrouver un lien avec le traitement du signal audio. L’an dernier, il a fait une année de césure avec un stage de 6 mois chez Pulsar Audio, qui réalise des effets audios numériques pour les ingénieurs du son et les musiciens. « Je suis très content car les 2 facettes artistiques et scientifiques se rejoignent et se nourrissent mutuellement. Par exemple quand je travaille une semaine sur un effet de réverbération j’ai ensuite l’impression de mieux le comprendre lorsque je l’utilise sur un mixage et inversement, c’est passionnant. »

« La deuxième partie de mon année de césure l’an dernier, j’avais imaginé de commencer à lancer mon activité à plein temps grâce au statut d’auto-entrepreneur. En raison de l’absence de concerts, cela n’a pas vraiment fonctionné. Entre mars et septembre, je n’ai fait quasi aucun enregistrement. Heureusement, avant le 1er confinement, j’avais fait beaucoup d’enregistrements et de vidéos pour un groupe qui s’appelle WillOMood et l’album de Resto Basket. J’ai donc pu travailler un peu à distance. On a aussi fait une vidéo after movie après le SGO. Cette année de césure était un peu un test pour mon projet professionnel, voir si cela me plaisait vraiment afin de pouvoir éventuellement me réorienter. Et au final, cela m’a bien plu ! »

Aujourd’hui, Antoine est en stage de fin d’études dans la même entreprise que celle de sa césure et reprend le démarchage des groupes pour de nouveaux projets.

« Si j’ai un conseil pour des jeunes en classes prépa, c’est de bien regarder les filières avant d’aller en école même si cela peut paraître parfois un peu flou. Je pense qu’il ne faut pas hésiter à contacter les étudiantes et étudiants qui sont déjà dans ses filières, de s’interroger sur les métiers, les débouchés. Moi, cela m’a beaucoup aidé de savoir depuis le début que je voulais faire du traitement du signal audio, cela a été une grosse motivation pour mes études. »

Crédit photo du haut : © Mélanie Petrarca

* filière Signal, image, communication, multimédia (SICOM)

 

Clip du groupe Plus Plus Plus dont fait partie Andrew McDonald, élève de Grenoble INP - Ensimag,