Quand de futurs ingénieurs dépolluent le Népal

Trois étudiants de Grenoble INP – Ense3, UGA, se sont mis en tête de contribuer au nettoyage des hauts sommets du Népal. Ils ont mis au point une solution de traitement des déchets plastiques originale, et sont partis la tester sur place.
Que peut-on faire d’utile quand on est passionné de montagne et qu’en tant qu’étudiant à Grenoble INP – Ense3, on est sensibilisé à la cause environnementale ? On peut contribuer à la dépollution de l’Everest ! L’association Tri-Haut pour l’Everest a été fondée dans cette perspective par Olivier Robelin avec deux autres étudiants de son école, Robin Jager et Valentin Girard. « C’est le visionnage du documentaire Everest Green de Jean-Michel Jorda, qui nous a donné cette idée, explique Olivier Robelin, l’un des trois étudiants, actuellement en année de césure après sa deuxième année à Grenoble INP – Ense3. Nous avons contacté le réalisateur pour discuter de notre projet de traitement des déchets dans la région, et il a été emballé ! »

L’Everest, dans la région du Khumbu, est propice à de nombreux treks en haute-altitude qui engendrent d’importantes quantités de déchets, comme d’ailleurs tous les hauts sommets de la région. Or, le Népal ne dispose pas des infrastructures nécessaires pour les traiter. « Malgré les efforts réalisés cette dernière décennie pour limiter la pollution sur les camps de base, nombreux sont les déchets non-recyclables finissant directement dans les rivières népalaises, explique le futur ingénieur. L’objectif de notre mission est de combler le manque en créant une infrastructure qui sera utile au traitement des déchets dans toute la vallée. »

Actuellement, les déchets sont collectés au camp de base et quelques sentiers sont équipés de poubelles. Mais tout n’est pas ramassé, loin de là, et ce qui l’est n’est en grande partie pas trié. Les déchets incinérables représentent près de 40 % des déchets globaux, et la grande majorité finit dans des fosses ou dans la nature, même s’il existe un incinérateur sous-dimensionné alimenté au fuel.
 

La pyrolyse à la rescousse


L’idée des futurs ingénieurs est de compenser ce manque en concevant un incinérateur bas carbone qui permettrait de brûler les déchets non recyclables abandonnés. Pour cela, ils se sont appuyés sur le principe de la pyrolyse. « Il s’agit d’un principe de combustion sans oxygène, rare à ces altitudes, explique Olivier Robelin. La réaction produit du gaz qui permet d’auto-alimenter le dispositif en énergie, et du fuel qui sera réutilisé par la population locale. » Plusieurs solutions ont été étudiées en collaboration avec des industriels lors de leur projet de première année, afin d’obtenir des performances optimales pour un coût raisonnable. Des prototypes ont été développés dans le fablab de l’école et seront bientôt testés sur place. « Au final, nous avons mis au point un prototype de pyrolyseur qui permet de valoriser les déchets plastiques en fuel et en gaz. »

Les trois étudiants viennent de partir au Népal pour 4 mois, où ils poursuivront le développement de leur dispositif dans un laboratoire de Katmandou. Parallèlement, ils œuvreront auprès d’acteurs locaux pour sensibiliser la population à l’importance de la récupération et au tri des déchets. A leur retour, ils passeront le flambeau aux acteurs de l’association Solidarire, qui enverra du monde pour suivre le projet sur place pendant au moins 2-3 ans.

Suivre le projet, c'est ici !