Olga, artiste de haut niveau : « Si je m’investis dans un projet, je le fais à 100% »

Pianiste et violoniste depuis l’enfance, Olga Rouchouze effectue ses études d’ingénieure par apprentissage à Grenoble INP – Ense³. Cette mélomane, qui bénéficie du statut d’artiste de haut niveau, alterne cours à l'école et travail au CEA Leti. Depuis mi-août, elle est en échange Erasmus en Suède.
Bonjour, peux-tu te présenter ?

"Je suis en 3e année en alternance à Grenoble INP – Ense3 et actuellement en échange Erasmus à KTH à Stockholm. Mon statut d’artiste de haut niveau me permet de concilier la pratique de la musique, à haut niveau avec mes études d’ingénieure, je bénéficie de ce statut depuis 5 ans. Il m’a été conseillé. au début de mes études. Je ne le connaissais pas mais il m’a été d’un grand secours.

Je pratique le piano et le violon au conservatoire de Grenoble, au même niveau sans distinction ni préférence. J’ai terminé l’année dernière le Cycle d’Enseignement Professionnel Initial (CEPI) avec l’obtention du DEM (Diplôme d’Etudes Musicales). J’ai toujours voulu garder les 2. Je pense que c’est une force : ces instruments se complètent très bien. Cela me tenait à cœur : un choix était impossible pour moi.

olga-rouchouze Au CEA LETI à Grenoble, je fais des tests de caractérisation de dispositifs pour la microélectronique. J’ai 2 rythmes totalement différents : les journées sont un peu moins chargées au CEA car j’ai moins de travail personnel pour les cours. C’est confortable de pouvoir aller directement au conservatoire.  Les périodes ne sont pas forcément homogènes au niveau de la progression, mais cela permet également de pouvoir mettre des coups de boost, s’investir à fond sur des projets durant certaines périodes.

La dernière année d’alternance en école d’ingénieur se déroulant comme une 3e année de cursus normal, j’ai pu partir en Erasmus fin août. Les orchestres n’ayant pas encore repris leurs activités en raison de la Covid-19, c’est un peu compliqué pour les répétitions. Poursuivre des objectifs alors que nous n’avons plus de dates d’échéances, ni de concerts et représentations n’est pas simple mais je progresse sur la technique instrumentale
."

Comment parviens-tu à concilier cours, pratique de la musique et périodes au CEA ?

"C’est une question de bonne organisation, d’anticipation de toutes les contraintes. Il faut savoir un peu jongler mais j’y arrive !
Je n’aime pas trop refuser des projets ou décliner des propositions. J’essaye de tout faire rentrer dans mon emploi du temps. Si je m’investis dans un projet, je ne le fais pas à moitié ! C’est une chose que je ne supporte pas.
"

Justement, peux-tu nous raconter certains de ces projets ?

OLga-rouchouze-orchestre "Je suis dans plusieurs orchestres. J’ai participé notamment à l’orchestre national des jeunes de Lyon, une expérience vraiment formidable. Nous avons des périodes de « stage orchestre » intensives de 10 jours et des tournées en région pendant 4 ou 5 jours. J’ai également participé 3 fois à l’académie de la « philharmonie franco-allemande des jeunes » et aux tournées qui s’ensuivent. Nous avons joué à Berlin, à Paris, à Strasbourg… avec des programmes assez conséquents. C’était formidable et super enrichissant car on établit des relations avec d’autres jeunes européens de notre âge se destinant à une carrière professionnelle mais de cultures différentes."

Tu devrais être diplômée cette année, comment envisages-tu la suite ?

"J’aimerais faire une poursuite d’études après mon diplôme d’ingénieure. Soit une thèse, soit d’abord un master spécialisé, plus centré sur les énergies. Cela dépendra des sujets de thèses qui seront proposés. Faire une thèse CIFRE en industrie me plairait bien.
Je ne sais pas si je vais rester sur Grenoble, pourtant j’ai tout ce qu’il me faut ici. Peut-être que je devrais commencer à aller voir ailleurs ce qu’il s’y passe…
"

Aurais-tu un message pour des jeunes artistes qui voudraient faire des études d’ingénieur ?

OLga-Rouchouze-scene "Je n’ai pas voulu faire de choix entre la musique et les études scientifiques : c’est un équilibre que j’ai toujours eu et qui m’est nécessaire. Il faut toutefois se fixer des objectifs à notre portée et bien connaître ses forces et ses faiblesses, oser, se donner les moyens, s’investir dans des projets. Il faut savoir saisir des opportunités pour ne pas passer à côté de potentiels concerts."

Tu parlais de sacrifices ?

"Je n’ai pas de regret, j’ai pu faire tout ce que je voulais, mais de l’amertume en raison de la crise sanitaire et du confinement. Deux tournées ont été annulées : l’une en Allemagne, l’autre en Autriche. Ce ne sont pas des facteurs que l’on maîtrise mais c’est dur quand même !"

As-tu des projets, malgré l’impact de la crise sur le monde du spectacle ?

"Pour l’instant, tous les projets sont en suspens. Pour l’académie en Allemagne, nous ne savons pas encore si elle pourra se dérouler. Pour la pratique de l’orchestre, les mesures qui sont prises sont très contraignantes : en orchestre chacun doit avoir son propre pupitre au lieu de le partager avec un partenaire, on doit tous être espacés d’1m50 et cela ne crée plus du tout la même osmose et le rendu sonore est très différent. Ce n’est plus la même relation avec les autres musiciens ou en cours avec les professeurs. Les cours en ligne pendant le confinement ont un peu chamboulé les habitudes de travail, même si j’avais plus de temps pour travailler car moins de trajets. Par exemple le travail du son était très limité par manque de bon matériel d’enregistrement chez nous, le fait aussi que les professeurs ne pouvaient pas nous montrer en jouant sur leur instrument... Il va falloir rebondir dans tous les cas et adopter une nouvelle façon de travailler et trouver des alternatives pour continuer à faire des concerts pour ne pas perdre l’habitude et le plaisir de la scène."

Tu es soutenue par la Fondation Grenoble INP, peux-tu nous en dire plus ?

" La Fondation Grenoble INP me soutient financièrement mais aussi d'un point de vue et logistique. La bourse m'a permis de m'acheter un nouvel étui de violon imperméable et résistant aux chocs, outil nécessaire et indispensable quand je pars en académie d'orchestre ou en tournée à l'étranger. Elle a également allégé mes frais de participation à des auditions et des stages, et ceux d'entretien de mes 2 instruments. L'accompagnement de la Fondation est très précieux car on nous incite à développer notre réseau, qu'il soit scientifique ou musical ou autre, tout en nous offrant des opportunités pour des concerts et en nous soutenant dans notre double cursus. Je remercie la Fondation sincèrement pour les expériences qu'elle m'a fait vivre et pour le soutien sans faille qui m'est accordé ! "

 
Philharmonie franco-allemande des jeunes 2017