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Bassin à houle du laboratoire Sogreah : l’océan à Grenoble !

Le laboratoire de la Sogreah, à Pont-De-Claix, abrite l’unique bassin à houle de génie littoral de France. Des équipes universitaires grenobloises y font régulièrement des études. Rencontre avec Eric Barthélémny, chercheur au Laboratoire des Ecoulement Géophysiques et Industriels (LEGI) et enseignant à Ense3, et Gérald Excoffier, responsable du laboratoire Sogreah.
Bassin à houle du laboratoire Sogreah

Qu'est ce le bassin à houle de la Sogreah ? Eric Barthélémy : Historiquement, le bassin à houle faisait partie du Laboratoire d'Hydraulique de France (LHF) une filiale de Grenoble INP et de la Sogreah, qui est une société d'ingénierie spécialiste des problématiques liées à l'eau, l'environnement, l'énergie et l'aménagement urbain. Construite en 1991, cette installation est implantée dans les locaux de la Sogreah à Pont-de-Claix. Concrètement, il s'agit d'un bassin de 30 mètres sur 30, qui permet de réaliser des expériences et des essais sur modèle physique d'infrastructures soumises à la houle. Particulièrement perfectionné, ce bassin est capable de reproduire des houles multidirectionnelles par agitations complexes. Ces dernières sont engendrées par 60 batteurs placés le long d'un des bords. Cette installation permet donc de reproduire à petite échelle les houles et courants marins du littoral de façon très réaliste. Or, le littoral va devenir dans les 30 prochaines années une zone très touchée par l'augmentation du niveau des océans due au changement climatique global (Xynthia). A quoi cela sert-il ? Gérald Excoffier : Cette installation unique en France est utilisée pour des applications littorales et côtières, comme l'étude du comportement des ouvrages maritimes ou côtiers soumis à la houle et à l'agitation des vagues. Ainsi, la Sogreah a récemment mené une étude pour le port de plaisance de Limassol, à Chypre. Il s'agissait de faire en sorte que l'ouvrage réponde aux critères de dimensionnement et d'agitation fournis par les armateurs, pour une sécurité optimale. Actuellement, nous travaillons sur un pré-projet de port industriel à Nador, au Maroc. Autre exemple : mené en collaboration avec le groupe Grenoble INP, le projet MODLIT fait suite à un appel d'offre de l'Institut National des Sciences de l'Univers (INSU). Il a été financé par la Direction Générale de l'Armement (DGA). L'expérience, qui s'est terminée fin 2009, consistait en une étude de morphologie littorale, visant à comprendre les mécanismes de formation des baïnes et des courants associés.

Bassin à houle du laboratoire Sogreah

Pouvez-vous nous en dire plus sur le projet MODLIT ? E. B. : Pour comprendre comment se forment ces pièges mortels, la Sogreah a fait venir plusieurs semi-remorques de sable, afin de reconstituer une plage à petite échelle. Nous avons ensuite utilisé ce modèle pour mesurer la concentration en sédiments, la hauteur des vagues, la force et l'orientation de la houle, les  évolutions de la bathymétrie, etc. Nous avons également suivi la trajectoire, par caméra, de flotteurs dérivant entre deux eaux au gré des courants. Lors de cette première, nous avons pu récolter un jeu de données extrêmement riche que nous exploitons encore à l'heure actuelle et qui d'ores et déjà sert à la communauté internationale. Lors de cette expérience pilotée par H. Michallet (LEGI) et menée avec des collègues du laboratoire EPOC de Bordeaux, de Montpellier et de Marseille, nous avons également fait une étude conjointe dans le cadre du projet COPTER de l'ANR. L'objectif était de tester la stabilité de brise lames en « géotubes », c'est-à-dire constitués en matière géosynthétique, remplie de sable. Prometteuse, ce genre de structure serait beaucoup plus simple à mettre en place que les traditionnels brise lames en béton et intéresse fortement le Conseil Général de l'Hérault, par exemple.