Eco-SESA, trois ans après

Favoriser l’intégration des énergies renouvelables (ENR) en site urbain, tel est l’objectif du projet CDP* Eco-SESA Smart Energies in Districts lancé il y a trois ans.
Partant d’observations réalisées à l’échelle du bâtiment et du quartier, le projet Eco-SESA ambitionne de produire des connaissances, des concepts, des outils et des méthodes permettant de repenser la planification, la gestion et la gouvernance des systèmes énergétiques urbains ainsi que la conception de leurs composants. « Le projet a ceci d’original de rassembler des spécialistes en sciences des matériaux et des systèmes technologiques, avec des chercheurs en sociologie, en urbanisme et en économie expérimentale qui étudient le comportement des consommateurs et les stratégies des acteurs de la ville et de l’énergie », explique Nelly Vallance, diplômée de Grenoble INP – Ense3 et responsable animation et développement du CDP.
 

Les acteurs humains au cœur des réflexions


Du fait qu’une grande part des ressources énergétiques n’est activable que par intermittence, la flexibilité est une question cruciale que se posent les acteurs de réseaux. « C’est particulièrement important pour l’électricité, qui ne peut être conservée sous cette forme. Il importe donc de bien connaître le comportement des utilisateurs pour limiter les pics de consommation électrique. » Aussi l’un des axes de recherche du projet est-il de comprendre les comportements et de trouver les moyens d’encourager l’effacement, c’est-à-dire reporter les consommations qui peuvent l’être aux moments où sont attendus les pics de production. Pour cela, l’habitat communique avec ses occupants en leur envoyant des signaux pour les amener à modifier leur consommation : la réduire momentanément ou la transférer vers un autre vecteur énergétique. « Les nudges, par exemple, sont des petites astuces pensées pour inciter les consommateurs à adopter un comportement plus vertueux en suscitant leur adhésion. »

Une expérience grandeur nature a récemment été menée dans le cadre d’Eco-SESA, sur une centaine de personnels de GreEn-ER. « Il était demandé aux participants de réduire leur consommation énergétique à certains moments, et les effets sur la consommation énergétique globale ont été évalués, explique Jérôme Ferrari, ingénieur de recherche au G2ELab. Pour cela, deux approches ont été testées : soit en faisant référence à un enjeu collectif, soit en jouant sur un aspect compétitif. » Outre les connaissances qui en sont issues, cette expérience a permis de tester le Living Lab qu’est GreEn-ER pour en mener ensuite d’autres à une échelle plus importante, celle du quartier.

Parallèlement à l’étude des comportements des consommateurs, Eco-SESA se penche sur des approches multi-énergie impliquant les acteurs décisionnels des systèmes énergétiques locaux (électricité, chaleur, gaz, bois…), qu’ils soient publics (réseaux, collectivités…) ou privés (immobiliers, copropriétés, coopératives…). Le logiciel OMEGAlpes a par exemple été développé avec des sociologues et des urbanistes pour offrir aux multiples acteurs du monde de l’énergie une aide à la conception, au dimensionnement et à la gestion des systèmes énergétiques à l’échelle du quartier ou d’un morceau de ville, une aide qui puisse être intégrée dans les démarches de planification urbaine et énergétique.

D’autres travaux portent sur les matériaux : sans terres rares pour la filière photovoltaïque et les LEDs, ou encore plus efficaces pour le stockage hydrogène et le Power-to-Gaz.
Les connaissances et résultats issus de ces différentes études sont partagés entre les acteurs du projet (16 laboratoires partenaires) et ses partenaires : Metro, industriels, associations citoyennes, grand public. Un cycle de conférences mensuelles ouvertes à tous a été mis en place, et un colloque scientifique est en cours de préparation sur la question des communautés énergétiques. A suivre.

*Cross Disciplinary Program financé par l’IDEX Grenoble Alpes
Le CDP est organisé en 5 “fronts” interdisciplinaires à la pointe des recherches internationales sous la houlette de Daniel Bellet, Daniel Llerena, Stéphane Ploix, Gilles Debizet et Frédéric Wurtz, ces deux derniers étant co-directeurs du programme.