José, jeune doctorant : la recherche cela s’applique dans le concret !

Rencontre avec Jose Lugo, doctorant de 3ème année à l’IMEP-LAHC sous la direction de Philippe Ferrari et Florence Podevin, qui a remporté un prix du meilleur papier, le 3 juin 2015, lors des 19èmes Journées Nationales Microondes (JNM 2015) à Bordeaux. Cette conférence regroupe toute la communauté française du domaine et se tient une fois tous les deux ans, avec entre 550 et 650 participants. L'article de José, dont la langue maternelle est l'espagnol, a été sélectionné parmi 320 articles, tous rédigés en français, pour un des cinq prix décernés. Une belle double performance !
La conférence regroupe les équipes de recherche de toute la France. Une des particularités cette année était le fait que le tiers des publications émanait d’entreprises, ce qui démontre l’intérêt de l’industrie pour cette thématique. Dans le cadre de sa thèse, José travaille sur des lignes couplées à ondes lentes, afin de réduire la dimension et améliorer les performances des circuits intégrés en technologies CMOS/BiCMOS. Il travaille à développer des circuits de type filtres ou coupleurs, qui sont des briques de base de systèmes plus complexes pour des applications concernant le secteur des télécommunications au sens large, des capteurs et de l’imagerie microondes.

Peux-tu nous raconter ton parcours ?

"J’ai fait mes études d’ingénieur dans mon pays natal, la Colombie. En fin de cursus, j’ai réussi à faire mon Projet de Fin d’Etudes à Brest, dans un des laboratoires de recherche de Telecom Bretagne (ENST-Bretagne). Cela m’a tellement plu, tant la Bretagne que l’école et le fonctionnement du laboratoire, que j’ai demandé à faire un Master Recherche là-bas."

Pourquoi une thèse ?


"Etant déjà en stage au sein du laboratoire, j’ai facilement été intégré. J’ai ensuite eu l’occasion de faire un stage en entreprise dans un service de R&D pour mon stage de fin de cursus. C’était très intéressant car j’ai pu découvrir le monde industriel et académique. J’ai aimé découvrir la recherche via ses applications industrielles : cette recherche est concrète, elle permet de fabriquer des systèmes pour des applications s’adressant à de vastes marchés ou améliorant les conditions de vie. Je n’y croyais pas moi-même au début, mais la recherche, cela s’applique dans le concret !
J’ai eu envie de poursuivre en thèse et mon maitre de stage a contacté l’IMEP-LAHC via son réseau. Le sujet m’a plu et je suis donc venu à Grenoble."


Et la ville te plait ?

"Après la Bretagne, c’est une autre vision de la France ! Quand je suis arrivé j’ai découvert qu’il y avait même des montagnes en France. Je me suis dit : je suis chez moi ! En Colombie la montagne est partout. Je vois la résidence du Rabot avec cet environnement exceptionnel et cela me rappelle l’Université des Andes !"

As-tu des projets après la thèse ?


"Je ne souhaite pas m’orienter vers la recherche pure. De par mon expérience je sais que je veux bien me spécialiser en recherche mais dans le but de développer des applications directes. En France c’est possible tout en travaillant sur des technologies et innovations très pointues.
Je pense soutenir ma thèse en octobre. Pour l’instant je noue des contacts, me constitue un réseau pour savoir ce qui se fait. Je peux bouger mais je veux rester en France. Je rentrerai en Colombie quand je serai vieux !"


Peux-tu nous parler de ton ressenti sur le système académique et de recherche en France ?


"En France j’ai découvert l’alternance. Ces cursus ne sont pas vraiment destinées aux futurs chercheurs mais je trouve cela formidable, ça doit être très formateur.
Au niveau de la recherche, les ressources sont supérieures ici à ce que l’on peut voir en Colombie : plus de financements pour aller à des conférences, plus d’équipements etc.
J’apprécie beaucoup l’esprit de collaboration qui existe dans ce milieu : grâce à des mises à disposition de technologies de la part d’industriels. On peut avoir accès à une technologie très avancée avec peu de moyens. En Colombie, nous sommes obligés d’acheter nos propres plaques de silicium, alors qu’en France, par le biais de l’écosystème local et des pôles de recherche, on peut activer son réseau. Grenoble est un très bon exemple de la richesse de cet écosystème."


Quel message souhaiterais-tu faire passer à des plus jeunes sur ton expérience ?


"Tout d’abord, je dirais qu’il faut solliciter les gens proches d’eux : profs, responsables de stage en entreprise etc., afin de bien cibler son sujet, de se renseigner et de se faire conseiller. Je pense que la thèse est une bonne expérience car nous sommes toujours entourés. On rencontre beaucoup de gens travaillant dans des entreprises ou des labos. On côtoie également beaucoup de thésards, qui ont notre âge, cela créé une certaine dynamique. Il y a aussi un certain aspect de liberté : c’est toi qui mènes ton projet : ta thèse, ton « petit bébé ».
Mon côté exotique a envie d’encourager les jeunes de toutes nationalités à sauter le pas et venir faire une expérience en France. Ces collaborations sont prospères et nous nous enrichissons tous mutuellement (Français et  étrangers) par nos compétences et l’interculturalité."


Félicitations !