Industrie du futur : A2i

Rencontre avec Rémi Deleiris et Eric Grospeillet (GTB architectes), les deux architectes qui se sont associés à l’occasion de ce projet d’industrie du futur.

Pouvez-vous nous dire ce qui vous a séduit pour présenter ce concours ?


Eric Grospeillet : J’aime travailler dans le milieu universitaire : on ressent bien le côté innovant, recherche, le fait d’être à l’avant-garde des dernières technologies. L’architecture doit retransmettre ces facteurs sur ce type d’espaces.
Rémi Deleiris : Nous nous sommes dit que le fait de s’associer pour ce concours apporterait quelque chose à chacun de nous et au projet, bien entendu.
 

Comment avez-vous imaginé ce projet ?


EG : Face à une feuille blanche, nous commençons par prendre connaissance du site, par se l’approprier. Celui de Viallet est particulièrement complexe car il a fait l’objet de multiples modifications, extensions au fil du temps. Nous avons eu l’impression qu’il a un peu perdu de sa cohésion au niveau architectural. Nous pensions être intéressant de redonner un sens à la totalité et ne pas ajouter une énième couche mais retrouver une cohérence d’ensemble.

L’histoire que nous avons choisi de raconter dans ce concours est celle de la transformation des pratiques et des usages. Il s’agit d’offrir l’opportunité aux utilisateurs, qu’ils soient étudiants, enseignants, chercheurs, industriels ou personnels administratifs d’évoluer dans un projet qui formera un campus fonctionnel innovant, apaisé et résolument tourné vers l’avenir.

Un élément important était de retrouver une structure urbaine par la création d’un espace traversant entre les 2 voies urbaines (rue Casimir Brenier et avenue Félix Viallet). Il fallait retrouver un espace de « voie », structurante, liée au cheminement, à la détente. Le côté apaisant passe par le fait de gommer un peu la présence de la voiture sur cet ilot urbain, de manière à recréer des espaces de convivialité, de rencontres et d’échanges.

L’identité forte du projet passe par ses deux extensions : le hall d’accueil avec les espaces de showroom et de réception et la plateforme technologique, les deux se retrouvant connectées à cet espace de cheminement « la rue ».
 

Quelles difficultés avez-vous rencontré ?


RD : Nous avons eu dès le début des difficultés techniques, et ce n’est surement pas fini vu la complexité des bâtiments et les différentes couches qui ont été rajoutées ! Il y a donc de fortes contraintes techniques et nous les résolvons petit à petit.
Le budget alloué n’était malheureusement pas aussi élevé que l’ambition du projet mais nous avons conservé les principes de base de notre projet du concours d’architecte : cette notion d’espace apaisé et de rue.

EG : Le côté positif est que l’on a pu garder l’identité forte du projet tout en restant dans l’échange et en intégrant les remarques du maitre d’ouvrage.
 

Comment ce projet se situe-t-il par rapport à la dimension historique du site Viallet ?


RD : Nous n’intervenons pas beaucoup sur les façades à part les deux extensions qui sont à l’intérieur du site. Notre projet porte sur des parties plus récentes : l’accueil qui est un bâtiment des années 80/90, les ateliers qui sont des bâtiments déjà un peu transformés.
Nous avons effectué des recherches historiques : il y a beaucoup d’images, de photos du début du 20e siècle, on trouve aussi des traces dans les sous-sols. Il y a même des galeries, des souterrains ! Tout cela nourrit le projet et, d’un autre côté, il est vrai que nous sommes face à une telle hétérogénéité qu’une des ambitions de base était d’essayer de trouver un lien surtout par des aménagements extérieurs et par l’aspect architectural des deux extensions.

EG : Le projet est donc traité avec des matériaux bruts : nous sommes persuadés que l’on peut trouver une qualité d’espace avec des choses simples, que tout ne soit pas technologique. Nous pouvons définir le projet comme cela : laisser les traces de l’existant et les mettre en valeur grâce à l’interférence avec l’aspect contemporain du projet.

RD : Côté plateformes technologiques, le but est de renforcer cette image d’atelier en ayant toutes les notions de confort que l’on puisse offrir. Cela va mettre en valeur le côté high tech de ce qui se fait dans les unités pédagogiques et de recherche. On joue un peu sur ce contraste, idem pour l’accueil, pour le showroom.
Par ailleurs, le projet comprend beaucoup d’espaces divers : réception, cafétéria, co-working. Pour ce dernier, l’idée est de bénéficier d’un espace décloisonné où l‘on puisse travailler en dehors du bureau. C’est comme cela que nous imaginons ce campus innovant : des espaces de vies et de lien social pour que chacun se sente bien dans son environnement.