Clément 26 ans, à la recherche du wifi du futur

Clément Jany, jeune docteur ayant effectué sa thèse avec l'école doctorale EEATS à Minatec, au CEA Leti, sous la direction de Philippe Ferrari du laboratoire IMEP-LAHC, spécialité Optique et Radiofréquences (OR) a reçu le prix du meilleur article lors l’European Microwawe week, qui s’est tenue à Rome du 5 au 10 octobre dernier, rassemblant près de 1400 participants de tous pays. Il s'agit de la seconde conférence mondiale du domaine, après celle annuelle aux Etats-Unis.
Son article a été sélectionné parmi quelques 478 papiers et a reçu le «microwave award». Deux  autres  prix étaient destinés à des « young engineers », des jeunes ingénieurs de moins de 30 ans comme lui.
Clément a tout d’abord présenté ses travaux oralement avant d’être informé de sa sélection sur une « short list » susceptible de lui rapporter un prix lors de la cérémonie de clôture de la conférence. Il confie qu’il a tout d’abord pensé être récompensé dans la catégorie des jeunes ingénieurs et a donc été très agréablement surpris d’être récompensé au titre de chercheur lambda.

Des applications possibles pour les marchés de grande consommation dans le secteur des télécommunications

Cet article présentait une partie des résultats obtenus pendant sa thèse, qu’il a soutenue le 16 septembre dernier. Dans ses recherches, Clément a travaillé sur les systèmes de télécommunication à haut débit. L’objectif était de trouver des solutions alternatives aux wifi et autres ondes courtes (comme le bluetooth par exemple) pour répondre au défi d’augmentation des débits d’information à transmettre dans les années à venir. Ces travaux portent sur des technologies à bas coûts ; ces technologies innovantes cibleront les marchés de grande consommation.

Les futures applications possibles de ces travaux

L’ambition de ces travaux est de servir aux systèmes qui remplaceront le wifi et prépareront la future 5G, voire 6G, dans les années à venir. Une autre application à court terme est de parvenir à transmettre des signaux HDMI (High Definition Multimedia Interface) sans les compresser. En effet le HDMI, qui transmet notamment les signaux vidéos, demande un débit trop important pour être transmis sans fils par les ondes avec les technologies disponibles aujourd’hui. Ces travaux sont réalisés à des fréquences de 60 GHz, permettant d’atteindre les débits nécessaires, alors que les systèmes de télécommunications actuels fonctionnent à quelques GHz ; le wifi, par exemple, fonctionne à une fréquence de 2.4 GHz.

Clément, son parcours de jeune chercheur

Après un Bac STI, Clément intègre une prépa TSI puis l’ENSEA (Ecole Nationale Supérieure de l’Electronique et de ses Applications) à Cergy en région Parisienne. Il rejoint ensuite la métropole grenobloise pour réaliser son Projet de Fin d’Etudes (PFE) au CEA Grenoble dans un laboratoire de radiofréquence. Il enchaine ensuite directement sur une thèse au CEA LETI en partenariat avec le laboratoire IMEP-LAHC.
A l’issue de sa thèse, Clément a été embauché en CDI au CEA pour travailler sur des systèmes de radiofréquences : « Mon encadrant est devenu mon collègue ! ».

Interview de Clément Jany (en présence de Philippe Ferrari, son directeur de thèse)

Quel message souhaitez-vous faire passer sur votre parcours ?
«Je me suis régalé pendant toutes ces années à faire ma thèse dans l’environnement CEA – Grenoble INP.  J’ai travaillé avec des gens dynamiques, c’était une expérience géniale ! Je tiens à faire passer un message positif aux jeunes élèves ingénieurs, aux jeunes d’ici [nous sommes dans les locaux de Grenoble INP – Phelma], car c’est vraiment comme cela que ça s’est passé et j’aimerais encourager des jeunes à poursuivre dans cette voie.» s’enthousiasme Clément.

Son directeur de thèse au laboratoire IMEP-LAHC, Philippe Ferrari, poursuit : « Il est important qu’il y ait de bons ingénieurs qui fassent des thèses, car en France le lien entre la recherche et l’ingénierie n’est pas assez fort. Les entreprises, en particulier les PME, connaissent souvent mal le domaine de la recherche académique, contrairement à l’Allemagne où les contexte est complétement différent car les trois quart des chefs d’entreprises de PME ont fait une thèse et sont docteurs. »

Avez-vous toujours pensé faire de la recherche ?
« Quand je suis rentré en école d’ingénieur, j’étais déjà fasciné par la recherche, la physique, la recherche fondamentale, même si je ne m’y connaissais pas plus que l’étudiant moyen. Après c’est surtout le stage au sein du CEA qui a été déterminant dans mon choix de poursuivre en thèse. »

Pourquoi Grenoble ?  L’environnement a-t-il participé à votre choix ?
« Je viens de Rodez en Aveyron, j’ai fait ma prépa à Brives la Gaillarde, l’école d’ingénieur à Cergy,  le PFE et la thèse à Grenoble.
Je faisais déjà du ski avant de venir, j’ai continué et me suis mis à l’escalade et au sport de montagne.  Cet environnement sportif et montagnard est l’élément qui m’a fait choisir Grenoble pour le stage, car j’étais également accepté pour un PFE en région parisienne ,et j’ai préféré choisir la vie grenobloise. »

C’est donc Grenoble le mieux ?
« Oui ! Mais il ne faut pas le dire aux Ruthénois ! »

Envisagiez-vous d’enseigner en plus d’être chercheur ?
« J’ai expérimenté l’enseignement pendant ma thèse également, à Grenoble INP – Esisar. Par ailleurs j’accueille déjà des stagiaires, pendant ma thèse j’en avais déjà co-encadré, avec mon responsable,  ce sont des élèves de Grenoble INP - Phelma en PFE.
Donner des cours a été une super expérience, mais cela représente une montagne de travail que je ne m’imaginais pas, surtout la  1ère année. J’avais un cours de découverte pour les apprentis avec des CM, des TD et des TP. La préparation du CM était vraiment un travail monstre, mais c’était super intéressant et j’ai  beaucoup apprécié le contact avec les élèves, c’était vraiment bien. »

Pour vous quels sont les atouts de la thèse ?
« On est très libres dans notre manière de travailler et de s’organiser, autant du point de vue  pratique que du point de vue de l’orientation de nos travaux. On organise nos journées comme l’on veut, on explore les pistes que l’on veut, c’est très appréciable et c’est vraiment passionnant.  C’est également l’occasion de voyager, moi je suis parti 2 fois aux USA et 2 fois en Italie. C’est aussi une opportunité de rencontrer des gens, de travailler sur des projets, de fonctionner en équipe, de faire de l’enseignement. J’encourage largement les jeunes à faire une thèse, en commençant par un PFE dans un environnement de recherche, c’est un bon moyen de savoir si cela nous plait, ça peut faciliter le déclic. »