Axelle, championne de France de VTT Enduro : « J’aimerais concilier sport et carrière professionnelle. »

L’année dernière, Axelle Murigneux a fini sa saison leader de la coupe du monde de VTT Enduro. Portrait de cette élève-ingénieure et sportive de haut niveau (SHN), à Génie industriel, qui n’a pas froid aux yeux.
Son double projet sport et études d’ingénieur, cette valentinoise le porte depuis sa plus tendre enfance. Au collège, elle intègre déjà une classe sport étude. Passionnée de technique, en seconde elle s’oriente vers une formation d’ingénierie, consciente de la nécessité de trouver sa voie professionnelle. Dès la première elle intègre le pôle espoir de Besançon, ce qui lui permet de continuer son sport à haut niveau. Au moment de décider de sa poursuite d’études, elle apprend que La Prépa des INP propose un statut de sportif de haut niveau.  L’antenne grenobloise de la Prépa des INP lui permet donc de se rapprocher de sa terre d’origine.

 Avec Axelle, le vélo c’est une histoire de famille avant tout !

Après la prépa, aménagée en 3 ans grâce au statut SHN, elle intègre Génie industriel en vue de se spécialiser dans la filière Ingénierie de Produits.

Même si le statut de sportive de haut niveau est là pour te faciliter la conciliation de tes activités, n’est-ce pas parfois difficile ?

Faire ma prépa sur 3 ans m’a quand même bien aidé. J’ai pu m’absenter pour participer à des compétitions et passer des examens en décalé.  Ce fut un peu difficile au début car j’avais une épreuve dès le premier week-end. Il a quand même fallu que je m’accroche et que parfois je délaisse un peu le vélo car  je sais que ce n’est pas cela qui me fera vivre plus tard. Il est nécessaire de préparer son avenir professionnel.

La conciliation est plus ou moins délicate selon les périodes : cela m’a paru plus simple en prépa car nous avions beaucoup de travail individuel. A Génie industriel, nous travaillons beaucoup en mode projet, et c’est parfois difficile car je ne veux pas que mon groupe ait l’impression que je l’abandonne.

Le fait qu’il y ait un statut de sportif de haut niveau dans de grandes écoles comme celles du Groupe INP, qui fait partie des trois grands réseaux d’écoles d’ingénieurs, a été déterminant pour moi. J’ai choisi Auvergne Rhône-Alpes car c’est une région qui dispose de beaucoup d’aménagements et qui facilite la vie des sportifs, en général, et plus particulièrement des étudiants.

Tu vas intégrer la filière Ingénierie de Produits, peux-tu nous en dire plus sur ce choix ?

Dans le milieu du sport, la technologie évolue beaucoup et je trouve passionnant de voir comment l’on produit cela. Cette filière nous permet de comprendre tout le processus d’évolution : de l’idée jusqu’à la conception du produit et sa réalisation. Les sportifs de haut niveau participent souvent au développement et à la conception de produits notamment grâce aux évolutions technologiques. Je trouve cela passionnant : les sportifs sont un des moteurs de l’innovation. J’ai toujours voulu travailler dans l’ingénierie, je suis contente d’avoir intégré Génie industriel car les enseignements sont beaucoup moins théoriques qu’en prépa.

L’ingénierie et l’enduro sont des domaines réputés plutôt masculins, as-tu parfois cette impression ? Des retours d’expérience à partager ?

En effet l’enduro est un sport mécanique et physique. Il n’y a pas beaucoup de filles. D’ailleurs sur beaucoup de compétitions, les épreuves sont mixtes sur un parcours unique. Par ailleurs, la plupart des pilotes masculins ne font pas d’études à côté, ils ont donc des entraînements et des temps de récupérations plus longs.
Je pense donc qu’il faut voir plus loin et se dire que c’est tout à notre honneur de concourir contre eux !

Il est vrai que parfois j’ai du mal à m’imposer sur certaines compétitions. J’ai l’impression, de temps en temps, qu’ils ont plus de mal à me laisser passer que mes homologues masculins : ils pensent que c’est eux qui doivent être devant. Ou alors, dès qu’ils voient une fille arriver, ils accélèrent… le cliché « se faire battre par une femme ». Mais il ne s’agit que d’une minorité, il y a un bon esprit en règle général.

Tu bénéficies du soutien de la Fondation partenariale Grenoble INP, en quoi cela consiste-t-il ?

J’ai découvert la Fondation partenariale Grenoble INP en début d’année, je trouve super la reconnaissance et le suivi qu’ils nous apportent. La bourse de la Fondation me permet de financer une partie de ma saison, le reste est complété par mes sponsors. La Fondation effectue également le lien entre nous élèves sportifs de haut niveau et les entreprises, ils nous donnent une visibilité. Grâce à cette bourse, je peux arriver plus tôt sur les lieux des compétitions et ainsi être plus reposée et mieux préparée.

Et quels sont tes objectifs, pour cette saison qui commence, et à plus long terme ?

J’aimerai bien sûr conserver mon titre de vainqueur de coupe de France, et ma place dans le top 15 de la coupe du monde. Pour cela il ne faut pas se relâcher, il faut que j’y aille à bloc du début à la fin ! Ces épreuves sont denses, cela se joue à pas grand-chose!

Depuis l’année dernière, nous sommes trois pilotes à avoir monté notre propre équipe : le Chamrousse Enduro Team by Yeti/Fox Service Center. C’est une expérience nouvelle car nous sommes maintenant en contact direct avec les entreprises pour la recherche de sponsors, etc. Cela nous aide notamment à développer notre notoriété et nous avons des bons retours des investisseurs.

Du côté des études, c’est pour les stages que c’est un peu compliqué. L’été est la haute saison des compétitions. En prépa, j’ai pu aménager mes périodes de stages sur plusieurs périodes mais je ne sais pas si cela sera possible à l’école. Il est facile d’aménager mes périodes de cours mais pour les stages ou les semestres à l’étranger c’est moins facile. Il va falloir que je fasse des choix, même si je souhaite continuer à ce niveau. J’aimerais trouver une entreprise dans le domaine du sport. Depuis que je suis petite ce domaine est très important pour moi et j’aimerais pouvoir concilier ma passion et ma future carrière.


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© Crédits photos : Nicolas Baisin, Rémi Cordier, Matt Wrag, Léo Richtarch