Grenoble INP Rubrique Recherche 2022

L'innovation au service des non-voyants

En associant les compétences de trois laboratoires co-pilotés par Grenoble INP, une équipe de recherche de l'IMEP-LaHC, espère mettre au point un système unique au monde de repérage dans l'espace pour les malvoyants.
Innovation au service des non-voyants - (illustration Fotolia) Aider les malvoyants à percevoir leur environnement pour se déplacer de façon autonome, telle est l'ambition de Tan Phu Vuong, professeur à Grenoble INP - Phelma et chercheur à l'IMEP-LaHC. Son idée s'inspire des travaux d'une équipe canadienne, laquelle a mis au point un dispositif original de suppléance visuelle. Ce dernier ressemble, à première vue, à une grosse cuillère dotée de multiples électrodes. Une fois placée dans la bouche des patients, il leur transmet des informations utiles sur ce qui les entoure. Pour cela, l'environnement est filmé par une caméra, puis l'information qui en est issue est traitée par une unité centrale pour être transformée en signaux électriques. Ces derniers sont ensuite transmis par liaison sans fil sur la langue du patient, laquelle, très riche en terminaisons nerveuses, relaye directement l'information au cerveau.

Malheureusement, l'engin est encore très encombrant et peu pratique. Associant le savoir-faire de plusieurs laboratoires de Grenoble INP (le laboratoire TIMC-IMAG, l'IMEP-LaHC et le laboratoire MICA), Tan Phu Vuong espère exploiter cette approche pour créer un système embarqué utilisable au quotidien par les malvoyants, pour leur permettre de repérer et d'apprécier la distance qui les sépare des obstacles. "Nous voulons créer un prototype miniaturisé, pas plus gros qu'un appareil dentaire, et qui consomme suffisamment peud'énergie pour être autonome au moins douze heures", indique-t-il.

L'innovation au service des non-voyants (illustration Fotolia) L'une des difficultés de ce travail concerne la propagation des ondes électromagnétiques dans la bouche de l'utilisateur. "Dans la gamme des radiofréquences, ces tissus biologiques ont, selon leur teneur en graisse et en muscle, un effet d'écrantage du champ électromagnétique. De plus, le passage des ondes à proximité du cerveau peut se révéler nocif pour la santé. Nous devons donc trouver le moyen de propager l'information sans augmenter la puissance de l'appareil". Se fondant sur les résultats de l'étude de propagation, les chercheurs procéderont ensuite à l'étude de l'intégration du système. Les informations recueillies de la scène seront transmises à la matrice d'électrodes, puis au réseau nerveux. Elles seront suffisantes pour que les personnes aveugles puissent se repérer dans l'environnement et se situer par rapport aux objets dans cette scène.

Pour relever ce défi, le laboratoire MICA apporte son expertise dans le domaine de la détection d'objets, le suivi et la reconnaissance d'événements à partir de flux vidéo capturés par des caméras. Le projet, présenté à la session 2010 du Bonus Qualité Recherche de Grenoble INP, a décroché un budget de 60 000 euros et une bourse de thèse. "Nous avons déjà un stagiaire qui travaille sur les liaisons sans fil de l'unité centrale vers l'appareil. La thèse sera consacrée à la miniaturisation du système, et plus particulièrement à la conception d'une nouvelle antenne miniature adaptée à notre dispositif". Un premier prototype est attendu dans trois ans.