Grenoble INP Rubrique Recherche 2022

Cultiver  la  relation  sociale personne-robot,  oui  mais jusqu’où ?

Pour Véronique Aubergé, chercheuse au LIG dans l’équipe GETALP, le risque que les robots modifient l’humain en s’immisçant dans les relations que nous entretenons les uns avec les autres est réel. "Face aux robots, nous sommes face à un autre qui n’est pas humain, mais auquel on ne peut s’empêcher de prêter des intentions humaines". A Domus, le "living lab" situé sur le campus et reconstituant une habitation, les chercheurs et étudiants co-expérimentent actuellement Emox (de Awabot) avec des industriels et des partenaires sociétaux. Emox est un robot majordome domotique : par apprentissage il a appris à reconnaître la parole spontanée pour actionner les volets, les fenêtres, la cafetière… et s’exécute en émettant de petits bruits. "Ce sont ces petits bruits, issus de recherches sur la communication humaine, qui créent dynamiquement un lien supposé "altruiste" dont les conséquences doivent être éthiquement évaluées et contrôlées". Emox est actuellement testé sur des personnes âgées isolées, à qui il pourrait éviter d’aller en maison de retraite en "devenant" compagnon. Pour la scientifique, il faut cependant rester très prudent avant de lancer des robots de plus en plus performants, mais dont l’effet sur les personnes fragiles qu’ils sont censés aider n’est pas pour l’instant connu.
 
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Aussi, une réflexion éthique doit-elle encadrer les travaux dans ce domaine. Pour Anne-Marie Benoit, juriste au laboratoire PACTE, plusieurs problèmes se posent : celui du respect de la dignité humaine, celui du respect des libertés individuelles, et enfin, celui du respect de la vie privée des personnes, notamment avec la sécurité des nombreuses données collectées par le compagnon. "Comme l’impose la législation, il convient dans un premier temps d’obtenir un consentement libre et éclairé des utilisateurs, pour poser une limite à la vie privée et redéfinir des règles au cas par cas". Enfin, se pose également la question de la responsabilité en cas de dysfonctionnement du robot ayant, par exemple, entraîné un accident. Certains juristes réfléchissent à l’établissement d’un statut spécial du robot. Une association pour le droit des robots a même vu le jour !

 

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