Le recul des glaciers menace la biodiversité des páramos

Olivier Dangles, intervenant dans le MOOC « Des rivières et des Hommes » coordonné par Grenoble INP, étudie depuis 10 ans les ruisseaux glaciaires des hauts plateaux andins.
Les páramos, ces grandes plaines herbacées des hauts plateaux andins situées entre forêt et neiges éternelles, sont des lieux d’observation privilégiés des effets du réchauffement climatique.
Avec ses collaborateurs locaux, Olivier Dangles,  chercheur à l’IRD travaillant dans les Andes tropicales depuis une dizaine d’années, étudie la contribution des glaciers aux ruisseaux situés en aval, lesquels alimentent en eau la ville de Quito, la capitale équatorienne. « L’eau de ces cours d’eau provient à la fois des sources et du glacier, dans des proportions qui varient grandement en fonction du climat. » Pour justement déterminer ces proportions, les hydrogéologues mesurent la turbidité et la conductivité de l’eau (celle du glacier est chargée en argile et moins minéralisée), ainsi que le débit du ruisseau. Il s’agit, entre autres, de récolter de précieuses informations pour la gestion de l’eau potable de Quito.




Une biodiversité en péril

Parallèlement, les scientifiques ont constaté que les cours d’eau des páramos abritent un écosystème très riche, constitué de microorganismes, d’insectes et de crustacés, endémiques pour la plupart. « Nous avons mis en évidence que cet écosystème est très lié à l’équilibre du mélange entre les eaux glaciaires et les eaux de source. Ainsi, les glaciers jouent un rôle majeur dans la dynamique des systèmes aquatiques des páramos. » Cette constatation ouvre de nouvelles perspectives de recherche sur les conséquences du dégel progressif des glaciers, qui ont perdu 30 à 40% de leur surface en 40 ans, sur cette biodiversité unique au monde. « La disparition de cette faune exceptionnelle constituerait une perte en termes de conservation de ces écosystèmes uniques au monde. »